Les enfants sont particulièrement touchés par les conflits armés à travers le monde. Michael Fouti, vice-président du Bureau des Nations Unies pour la lutte contre l’exploitation des enfants dans les conflits, a déclaré en 2016 que 250 millions d’enfants étaient victimes de conflits armés dans le monde. Selon un rapport des Nations Unies sur les enfants et les conflits, l’Afghanistan aurait enregistré le plus grand nombre de victimes parmi les enfants depuis que l’ONU a commencé en 2009, à documenter systématiquement les victimes civiles. 3 512 enfants ont été tués ou mutilés en Afghanistan. 


En Somalie, le nombre d’enfants recrutés et utilisés a doublé en 2016 par rapport à 2015. 292 000 enfants ont également été bloqués dans des zones assiégées de la Syrie. Le nombre de violations commises par des talibans, Boko Haram et Daech contre des enfants s'est élevé à 6 800. Les listes des Nations Unies sur le recrutement et l’utilisation d’enfants, à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, incluent un certain nombre de parties impliquées dans des violations graves d’enfants dans des situations de conflit armé.


Enfants soldats
Des études montrent que depuis l’antiquité jusqu’à la première guerre mondiale, les armées étaient remplies de « soldats enfants ». À compter du XXe siècle, les enfants de l'Union soviétique ont appris par le biais des écoles, les règles et valeurs du communisme. les règles et valeurs du communisme grâce à l’utilisation d’écoles. Cela a également été pratiqué par le régime nazi, qui a établi l'exploitation des enfants en employant l’éducation. Les autorités ont eu recours à la socialisation pour créer une identité active chez les adolescents. Bon nombre de ces enfants ont finalement été recrutés dans des guerres. 

L’utilisation stratégique et tactique des enfants dans le monde est un facteur déterminant de la guerre. La brutalité des enfants dans les groupes armés pose également un problème, non seulement du point de vue humanitaire, mais également du point de vue stratégique. Les groupes et organisations sont en mesure de constituer une menace militaire disproportionnée en raison de leur utilisation d’enfants soldats. Par exemple, la LRA d’Ouganda a pu projeter son pouvoir militaire au travers d’environ 12 000 enfants enlevés, alors qu’elle ne comptait que 200 membres adultes clés. Ainsi, l’utilisation d’enfants soldats non seulement enfreint les règles d'engagement prévues, mais aussi rend les conflits longs et meurtriers. 


Parallèlement au recrutement accru d'enfants, les groupes terroristes exploitent un plus grand nombre d’enfants. En juin 2015, Boko Haram avait enlevé 1 000 à 1 500 enfants, dont certains étaient déployés sur les lignes de front en tant que boucliers humains. Daech avait procédé à des vaccinations et des grossesses forcées qu’il considère comme un moyen de préparer une nouvelle génération de ce qu'ils appelaient les Moudjahidines. Étant nés dans des zones qu'il contrôlait, ces enfants seront endoctrinés et normalisés par des pratiques d’organisation violentes. Daech semble avoir préparé les enfants à des rôles futurs. Des données et des informations divulguées ont montré que le nombre de mineurs découverts chez lui, renforçait ce que les estimations sur l’utilisation active par Daech d’enfants dans les trajectoires de violence.


Les rôles les plus importants des enfants dans les organisations terroristes  


Les enfants effectuent de nombreuses tâches au sein des mouvements terroristes. Lesquelles tâches ne se limitent pas au combat direct et aux attentats suicides, mais s’étendent pour contenir divers rôles de nature logistique et de renseignement.
Parmi les actions les plus importantes menées par les enfants dans les mouvements terroristes:

 

1. Combat direct (soldats et kamikazes)
Les enfants sont formés à diverses compétences militaires telles que: le combat de première ligne, les escortes, la fabrication d’explosifs, les compétences de tireur d’élite et les points de contrôle. Daech a publié des vidéos montrant des enfants effectuant un large éventail d’exercices pour se préparer à ces rôles. Les enfants sont également formés pour perpétrer des attentats-suicides et il leur est même demandé parfois, de porter des gilets pare-balles une fois acquittés d’autres fonctions, telles que celles des gardiens en cas d’attaque.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, près de 19 cas d’attentats-suicides ont ainsi été perpétrés par des enfants en juillet 2015. Les enfants sont des kamikazes importants, du fait qu’ils aient moins peur que les adultes et qu’ils ne procèdent pas à des analyses excessives des situations, faute d’expériences antérieures.
De nombreuses vidéos ont été publiées, notamment des exécutions par des enfants appelés les « lionceaux du Califat », tels que la vidéo du combattant de Daech faisant les adieux à son fils âgé de 11 ans, après avoir préparé une voiture piégée, ou celle des adieux d’un autre terroriste ayant offert à ses deux fillettes âgées de 7 et 9 ans, des ceintures explosives.
Des agences de presse ont également diffusé une vidéo montrant la police irakienne entrain d'arrêter un enfant de 12 ans, recruté par Daech, avant de se faire exploser à un poste de contrôle.

 

2. Les opérations de surveillance et collecte d'informations
Les enfants sont initialement formés pour partager des informations sur les membres de leurs familles, leurs voisins ou leurs amis qui ne se conforment pas aux règles et pratiques du mouvement terroriste. Dès qu’ils réussissent à franchir cette étape, ils sont promus à d’autres rôles avec une plus grande responsabilité. Une fois sur la ligne de front et face à l’ennemi, ils sont également entraînés à les espionner. En 2014, un garçon de 12 ans a été arrêté pour avoir surveillé les mouvements de l'armée égyptienne dans la région de Sheikh Zuwaid, au profit de Daech.

 

3. La propagande noire 
Les enfants ont l'habitude de participer ou de procéder à des exécutions. L’organisation tient à instiller et à normaliser ces atrocités chez les enfants. Certains aident aux exécutions en remettant aux combattants adultes des couteaux, d’autres procèdent eux-mêmes à des exécutions. Pire encore, on enseigne aux enfants que l’exécution est un privilège et un honneur. Au total, la propagande de Daech a montré 12 enfants participant et procédant à des exécutions de prisonniers entre 2015 et 2016.

 

Réhabilitation
Les enfants impliqués dans des activités d’organisations terroristes paient souvent un lourd tribut à leur santé et à leur avenir et nécessitent une réadaptation à long terme. 
Une étude sur les anciens soldats de la LRA en Ouganda, a révélé des niveaux élevés de détresse psychologique: entre 93 à 97% des enfants présentaient des symptômes d’ESPT, 20% souffraient de dépression, 13% d’anxiété, 37% de cauchemars et 54% de problèmes émotionnels et comportementaux généraux; sans mentionner l'état de peur ou d’excitation qui rend difficile pour eux, de dormir ou de se détendre. Un traumatisme peut se produire chez les enfants âgés de 7 à 12 ans en raison de l'isolement social.


150 pays ont ratifié en février 2002, la Convention additionnelle relative aux droits de l'enfant, qui stipule que les enfants ne doivent pas être impliqués dans un conflit armé. En ce jour de chaque année, le monde célèbre la Journée de la main rouge. En vertu de la Convention relative aux droits de l'enfant signée en 1989, les participants à la guerre âgés de moins de 15 ans sont considérés comme des enfants soldats et, en 2002, cet âge a été porté à 18 ans.


Dans son rapport annuel 2017, le Secrétaire général des Nations Unies propose que les enfants associés à des groupes armés ou dans des zones contrôlées par ces groupes soient remis à des civils spécialistes de la protection de l'enfance.


Dans le cadre de la campagne "Enfants et non-soldats", les communications des Nations Unies avec les groupes armés ont permis de séparer 3 897 enfants des groupes armés en République centrafricaine et 1 850, de l’aile militaire du MILF. Cette étape importante laisse espérer une réduction du recrutement d'enfants dans les conflits et les guerres.