Le terrorisme constitue incontestablement une menace majeure pour toutes les sociétés, en ce qu’il porte atteinte à la paix, à la sécurité ainsi qu’aux droits de l’homme les plus élémentaires, à savoir les droits à une vie en sécurité et au développement durable. Et, le terrorisme n’épargne aucun pays, ni aucune région du monde. Par ailleurs, ce phénomène n'est pas nouveau et ne se limite pas à une région ni à une nationalité particulière, ni encore à un système idéologique en soi. Ainsi, les organisations terroristes, telles que l'État Islamique en Irak et au Levant (EIIL/ Daech), Al-Qaïda, Boko Haram et bien d'autres, accueillent des combattants issus de toutes nationalités et confessions. Certes, rien ne peut justifier le terrorisme, mais il faudrait reconnaitre qu'il ne se nait jamais de rien et que les sociétés instables constituent l’une des conditions favorables à son émergence.

Il existe plusieurs définitions du terrorisme, comme celle qu’en donne le Dictionnaire Britannique Oxford : « L'utilisation illicite et non officielle de la violence et de l'intimidation, dans la poursuite d'objectifs politiques ou pour contraindre indûment des pouvoirs publics à accomplir un acte quelconque. »

Bien que l'ONU (l’Organisation des Nations Unies) ne soit pas parvenue à un consensus sur une définition définitive, unanime et universellement acceptée du terrorisme, elle a réussi, grâce à ses dernières tentatives relativement à cette question, à faire adopter par le Conseil de Sécurité la Résolution n ° (1566) publiée en 2004, qui définit le terrorisme comme suit : « Les actes criminels, notamment ceux dirigés contre des civils dans l’intention de causer la mort ou des blessures graves ou la prise d’otages dans le but de semer la terreur parmi la population, un groupe de personnes ou chez des particuliers, d’intimider une population ou de contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir un acte ou à s’abstenir de le faire… »

Quant à l’OTAN (l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord), elle définit le terrorisme ainsi : «L'utilisation illégale ou la menace d’utilisation de la force ou de la violence contre des personnes ou des biens, afin de contraindre ou intimider un gouvernement ou la population, pour atteindre des objectifs politiques, religieux ou idéologiques. »

En dépit de la multiplicité des causes profondes de l'extrémisme et du terrorisme et de leur imbrication, celles-ci peuvent être largement regroupées en facteurs sociaux, économiques, politiques et de sécurité, ainsi qu’en facteurs extérieurs, internationaux et régionaux.

Concernant les causes sociales, elles peuvent, à notre avis, être résumées comme suit : L’augmentation des pressions exercées par la croissance démographique ; la forte détérioration de la qualité de la prestation des services publics ; tout un héritage de violence dû aux injustices ; la marginalisation politique et celle des institutions et la dégradation de la qualité de l’enseignement et de la recherche scientifique. En outre, d’autres causes interviennent, telles que la compréhension et l'application erronées de la Religion et de ses enseignements ; la diffusion des idées radicales dans les prisons, favorisée par les violations (des droits de l’homme), les actes de torture et d'humiliation délibérés ; les héritages culturels et idéologiques basés sur des représentations et conceptions fausses et erronées, ainsi que la relation passive et de dépendance entretenue avec les sites de réseaux sociaux, qui exposent les jeunes au risque de la propagande extrémiste. Nous citons également l'immigration clandestine, tout comme le trafic illégal et illicite des migrants et des réfugiés ; l’augmentation du nombre des plateformes médiatiques qui incitent au terrorisme et à l’extrémisme ; et enfin, l'accroissement du fossé culturel et civilisationnel entre les pays occidentaux et les autres pays en général, les pays arabes et musulmans tout particulièrement.

Quant aux causes économiques, elles peuvent être ramenées aux points suivants : le manque d’opportunités économiques et sociales, les différences des taux de la croissance économique, l’exode continue et aléatoire des cerveaux et des éléments productifs, la pauvreté et le déclin économique, la concentration des ressources de l’État dans les mains de certaines institutions ainsi que le chômage endémique.

Parmi les causes politiques et de sécurité, nous pouvons citer les suivantes : la défaillance des gouvernements ; les violations des droits de l’homme ; l’absence d’un État de droit ; l’application inégale des lois à la défaveur des plus faibles tout comme l’impunité dont jouissent les groupes d’intérêt et les hommes d’affaires. Nous citons également, parmi ces causes, la puissance de l’appareil sécuritaire et sa transformation en un État dans l’État ; les divisions croissantes au sein de l’élite du pays qui conduisent, à leur tour, à des divisions au sein de l’élite dirigeante et des institutions de l’État ; l’ingérence d’autres pays ou d’acteurs politiques étrangers ; l’obstination à mettre en œuvre, de manière holistique, avec le même esprit et les mêmes méthodes adoptés dans les sociétés stables et éclairées, les libertés et les mécanismes de la démocratie dans des sociétés sujettes à des conflits et porteuses d’un lourd héritage d’idées erronées ; la perte de la légitimité de l’État ; la prolifération et la contrebande internationale des armes et, enfin, les guerres civiles et les conflits interminables.

Parmi les causes extérieures, internationales et régionales, nous retiendrons les différends et les conflits d’intérêts motivés par la volonté d’asseoir une certaine influence aux niveaux mondial et régional, l’échec de trouver des solutions équitables et décisives aux conflits et problèmes qui sévissent dans la région ; l’obstination à appliquer la politique de deux poids deux mesures, souvent pratiquée par la société et les grandes puissances ; le soutien qu’apportent certains pays aux groupes interdits par la communauté internationale pour cause de terrorisme et l’obstination de ces pays à accueillir, protéger et soutenir les extrémistes, et, pour finir, les mauvaises stratégies de lutte contre l’extrémisme violent.

Il ne fait aucun doute que l’extrémisme et le terrorisme ont eu des répercussions profondes sur les pays de la région, les pays du nord de la Méditerranée, et voire le monde entier. On recense, en effet, 67 organisations et groupes terroristes interdits sur le plan international depuis la fin de 2014, dont 32 groupes terroristes au Moyen-Orient, parmi lesquels 18 ont été bannis depuis 2014. Un grand nombre de ces groupes terroristes ont porté allégeance à Daech, entraînant ainsi la déstabilisation de la paix et la sécurité, le déclin du développement durable, le reconditionnement du libre arbitre des individus en ciblant le système éducatif moderne et son évolution, qui représentent la principale « menace » aux idéologies de l’extrémisme violent, l’accroissement du nombre des personnes déplacées et des réfugiés et l’augmentation des flux migratoires illégaux, et, enfin, la prolifération de la criminalité transnationale.

Par ailleurs, les attaques extrémistes et terroristes ont eu un effet déséquilibrant prévisible sur la composition démographique des pays de l’Europe, suite à la migration illégale, à l’exode des réfugiés, au renforcement des mesures de sécurité qui limitent les libertés publiques et qui visent aussi bien les résidents des pays du Moyen-Orient et du nord de la Méditerranée que les personnes venues dans ces pays, et à la menace qui pèse sur les valeurs et les principes de tolérance et de liberté. En effet, cette menace pourrait amener les pays européens à prendre des mesures coercitives contre les minorités musulmanes, lesquelles mesures sont susceptibles d’ouvrir la voie à un recrutement croissant des Musulmans européens et américains au sein des groupes extrémistes. Ces attaques extrémistes et terroristes ont eu, aussi, un impact sur la croissance économique, qui se trouve ainsi menacée au niveau de l’ouverture des frontières et la liberté de circulation dans les pays de l’Union Européenne. Elles ont, de plus, donné lieu à des réactions (extrêmes) de la part de certaines parties de l’Extrême Droite européenne, ce qui est en mesure d’aggraver davantage la situation, surtout que certains pays commencent à se laisser tenter par l’isolationnisme pour éviter les effets néfastes de l’extrémisme et du terrorisme.