L'extrémisme est devenu de nos jours l’un des défis les plus importants auxquels sont confrontées les sociétés dans notre région arabe en particulier et dans le monde en général. L’extrémisme est une déviation de la ligne droite déterminée par les normes religieuses, juridiques et sociales en vigueur.

La pauvreté et le chômage, le manque d’accès aux services de base, le manque d’opportunités, en particulier pour les jeunes, les discours inadéquats, le sentiment de marginalisation, les inégalités et les traumatismes psychologiques sont autant de conditions conduisent à l’extrémisme.

D’où le besoin urgent d’élaborer des plans et des stratégies et d’intensifier les efforts aux niveaux local, national et international usant d’outils et d’approches scientifiques basés sur l’interaction et le partenariat avec toutes les parties prenantes, ministères, institutions, groupes et organisations de la société civile, citoyens, résidents, réfugiés et influenceurs pour faire tarir les sources de l’extrémisme, s'attaquer à ses racines et à son environnement incubateur, selon un plan pratique viable, garantissant une mise en œuvre réussie pour combattre et réduire ce fléau.

Tout cela n’est possible que si un partenariat institutionnel et sociétal est conclu permettant d’entraver les efforts des extrémistes et de les ramener à la voie droite en vue de pouvoir édifier une société unie et sécurisée, autonomiser les jeunes, hommes et femmes et renforcer la capacité des institutions publiques à mieux répondre aux besoins et aux priorités, promouvoir le capital social, activer le discours modéré, créer des opportunités, promouvoir l’égalité et relier les niveaux local et national à la communauté internationale.

Stratégies de lutte

Pour assurer la mise en œuvre du projet d’édification des stratégies nationales et prévenir et combattre l’extrémisme avec professionnalisme conformément aux méthodologies scientifiques participatives, et pour atteindre les objectifs avec succès, sur la base d’indicateurs scientifiques de mesure de performance, il faudrait asseoir les volets scientifiques suivants:
•    Premier Volet: Les composantes de base de la stratégie de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme, basées sur une analyse approfondie conformément aux modèles de l’analyse stratégique de la société et de ses composantes, en plus de l’analyse des partenaires et de l’environnement, les bonnes pratiques aux niveaux national, arabe et mondial, et les stratégies associées. La stratégie comprend les éléments suivants: Vision, mission, valeurs et objectifs stratégiques.
•    Deuxième Volet: Le plan de mise en œuvre de la stratégie, selon les modèles approuvés comprenant les éléments suivants: Initiative, projet, action, responsabilité, partenaires, délais de mise en œuvre, exigences, équipes de travail et indicateurs de la performance.
•    Troisième Volet: La participation, qui est l’un des outils les plus importants pour parvenir à une stratégie viable et exécutable. L’analyse de la liste des partenaires et des parties prenantes est l’un des outils de succès pour atteinte les objectifs. Par conséquent, une liste peut être proposée en tant que base pour élaborer une stratégie efficace, comme suit:
-    Ministères et organismes officiels compétents: Ministère de l’Intérieur, du plan et de la coopération internationales, l’administration locale, l’éducation et l’enseignement supérieur, les dotations et les affaires religieuses, le développement social, le travail, la jeunesse, la sécurité publique, les fonds d’aide nationaux, l’information.
-    Institutions de la société civile: Partis, associations, syndicats, chambres de commerce et d’industrie, universités, presse libre et médias indépendants, et police communautaire.
-    Personnages d’opinion et d’influence: Écrivains, penseurs, maires, notables, chefs de clan, imams, orateurs et prédicateurs.
Le partenariat réel et concret, dénué de formalités, est l’un des moyens les plus efficaces pour assurer l’élaboration d’une stratégie de prévention de l’extrémisme et du terrorisme, faute de quoi la société sera d’un côté et les autorités officielles de l’autre. Or ce qui est requis, c’est de transformer le comportement des personnes de tous horizons en comportement basé sur le partenariat.

Qui vaincra?

L’absence de stratégies efficaces pour lutter contre l’extrémisme violent et faire tarir ses sources par tous les moyens, telle la promotion du développement et de la prospérité, de l’égalité, de l’état de droit et de l’éducation de qualité basée sur la pensée et la créativité, ouvrira la porte aux stratégies alternatives défaillantes et aux stratégies d’extrémisme et de terrorisme, pour finir avec des stratégies opposées et antagonistes.

Entraver les efforts des terroristes et de leurs sympathisants et les ramener sur la bonne voie, les empêcher de s’organiser, d’avoir des partisans, de collecter de l’argent et des armes, de pouvoir circuler librement, de posséder des outils de communication et des refuges et d’atteindre les cibles vulnérables fait partie intégrante de l’élaboration de stratégies de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme. Aussi, faudrait-il veiller à réaliser ce qui suit:
•    Empêcher les hommes et les femmes de recourir à l’extrémisme et au terrorisme.
•    Ne pas permettre aux extrémistes de communiquer avec leurs sympathisants, et cibler ces derniers pour les ramener à la voie de droiture et aux comportements positifs.
•    Incriminer la fourniture de soutien, de ressources et de moyens aux suspects de terrorisme, leur permettant d’organiser leurs rangs, recruter de nouvelles personnes, se préparer à attaquer ou attaquer des cibles choisies.
•    Faire face énergiquement aux opérations terroristes à leurs différentes étapes de préparation, planification ou mise en œuvre, grâce à des attaques préventives contre leurs fiefs.
•    Traduire en justice toutes les personnes impliquées et suspectes.
•    Assurer la protection et la sécurité sous toutes leurs formes, dont la protection contre le terrorisme et les opérations terroristes.
   
  Aux niveaux procédural et exécutif, de nombreux pays du monde appliquent efficacement leurs stratégies, en particulier à la lumière de la révolution technologique et communicative en cours, et prennent des mesures telles que:
•    Surveiller le réseau Internet.
•    Faire face aux extrémistes et à leurs penseurs.
•    Interpeller les combattants de retour.
•    Développer les services de sécurité, surveillance et renseignement.
•    Contrôler les frontières.
•    Faire tarir les sources de financement du terrorisme.
•    Incriminer les séjours dans les zones de conflit.
•    Activer l’échange d’informations.
•    Surveiller le blanchiment d’argent.
•    Renforcer les systèmes d’information et d’analyse.
•    Activer la coopération internationale.
•    Établir des bases de données.
•    Passer des accords de sécurité.
•    Surveiller les prisons de l’intérieur.

Exigence sine qua non

En conclusion, il apparaît qu’il n’est plus utile de se poser pour longtemps la question: Avons-nous besoin de stratégies scientifiques pour contenir l’extrémisme et le terrorisme? Car, certes, la réponse est que l’existence de ces stratégies est une exigence indispensable, mais à condition que ces stratégies soient élaborées selon des méthodologies scientifiques et les données des analyses stratégiques basées sur la recherche et l’enquête, et non sur les idées superficielles et les impressions.

De même, ces stratégies devraient reposer sur un véritable partenariat avec toutes les composantes de la société et ses dispositifs publics et privés, ses citoyens et résidents, ses jeunes hommes et femmes, et même avec les pauvres et les marginalisés, en écoutant leur voix, ce qui conduit à mettre au point des stratégies qui endiguent l’extrémisme et le terrorisme, préservent la dignité humaine et servent l’intérêt public.​