Le sous-secrétaire du Trésor américain, Sigal Mandelker, a averti, lors de la 19e Conférence Internationale sur la lutte contre le terrorisme en Septembre 2019, que les crypto-monnaies pourraient devenir le prochain obstacle à la guerre contre le terrorisme, disant : «Les organisations terroristes et leurs partisans sont constamment à la recherche de nouvelles façons de lever et de transférer des fonds sans être découverts et traqués, et la plupart des groupes terroristes usent toujours de la monnaie en nature pour transférer de l'argent, mais les crypto-monnaies pourraient devenir le prochain obstacle».

La plupart des gens ne connaissent pas suffisamment les crypto-monnaies, aussi les législateurs du monde musulman devraient-ils éduquer et former le personnel chargé de l’application des lois pour qu’ils connaissent cette monnaie et les défis qui lui sont associés dans la lutte contre le financement du terrorisme.

Le Bitcoin est la première crypto-monnaie créée par le dénommé Satoshi Nakamoto en 2008, pour en faire une alternative au système bancaire et monétaire moderne qui souffre de fluctuations et de problèmes périodiques. Le meilleur exemple en est la crise financière mondiale de 2008, que de nombreux économistes ont considérée comme la crise financière la plus grave depuis celle de 1930. Le taux de chômage est passé à 37% en 2009 et le PIB par habitant a diminué de 3%. La crise financière a coûté aux États-Unis d’Amérique uniquement près de 648 milliards de dollars à cause de la récession et les marchés immobiliers ont subi une perte d'environ 3,4 trillions de dollars.

La monnaie numérique (Bitcoin) est apparue en Août 2008. Un site Web a été créé pour cette monnaie, et un document de recherche de 9 pages intitulé: "Bitcoin Digital, système de paiement électronique pair à pair sous forme de chaines de blocs cryptées", dans lequel Satoshi Nakamoto a proposé la création d’un système de paiement en espèces électronique, une crypto-monnaie décentralisée, au sein d’un nouveau système monétaire numérique indépendant du contrôle gouvernemental.

La vision de Satoshi a attiré progressivement des adeptes, à commencer par les programmeurs et les passionnés de technologie. En 2010, la première transaction commerciale célèbre a eu lieu en utilisant la monnaie numérique (Bitcoin) lorsque le programmeur Laszlo Hanek's a acheté deux morceaux de (Papa John’s Pizza) en utilisant dix mille (Bitcoin). Le prix par pièce était de 30 $, et le programmeur a estimé avec un certain enthousiasme ces pièces relativement inconnues à l’époque à 0,003 cents par (bitcoin).

Il n’a pas fallu longtemps pour que ces actifs numériques attirent par leur nature révolutionnaire les criminels et les organisations terroristes en raison de l’anonymat de ce Bitcoin. À mesure que la corrélation entre ces crypto-monnaies et les crimes se renforçait, la valeur du bitcoin augmentait aussi. Le prix du (bitcoin) que les gens évitaient pour sa mauvaise réputation a bondi, après que les États-Unis d’Amérique ont décidé de le taxer, ce qui lui a donné un caractère juridique et levé les soupçons à son encontre. L’échange de devises (cryptées) devait offrir au public une plate-forme facile d’accès, ce qui a augmenté sa popularité.

En Décembre 2017, le prix du (bitcoin) a atteint plus de 19 000 $ par bitcoin, contre 0,003 centime en 2010. La flambée significative du prix de la crypto-monnaie et son effondrement dangereux, ont incité les organismes de réglementation à lui rechercher un cadre juridique convenable. Les fraudeurs et les gangs ont alors saisi cette opportunité pour tromper les gens.

Dans l’une des émissions de «Ask Me Anything» diffusée par le site d’actualités Reddit, le fondateur de Microsoft, Bill Gates, a déclaré: «L’anonymat des monnaies numériques signifie qu’elles sont liées au financement du terrorisme et au blanchiment d’argent». Les crypto-monnaies sont aussi utilisées pour acheter le (fentanyl) et d’autres stupéfiants mortels. 

En Décembre 2018, une femme à New York a été accusée d’avoir utilisé le bitcoin pour aider Daech. Lors de la Conférence Antiterroriste de Melbourne en Novembre 2019, le ministre australien de l’Intérieur, Peter Dutton, a déclaré que les crypto-monnaies peuvent fournir de nouveaux canaux de financement du terrorisme car "l’anonymat permet aux bailleurs de fonds terroristes de dissimuler leurs activités".

Des réglementations et des lois appropriées devraient être mises en place pour empêcher l’utilisation de crypto-monnaies pour blanchir de l’argent ou financer le terrorisme. Certains pays, dont les EAU ont manifesté un intérêt remarquable pour la crypto-monnaie, et leur autorité financière a publié des lignes directrices pour assurer la sécurité de ceux qui usent d’actifs cryptographiques. En Juin 2019, le Groupe d’Action Financière (GAFI), Financial Action Task Force (FATF), a annoncé l’adoption d’une note explicative sur les normes internationales pour les actifs cryptographiques et les mesures à prendre pour réglementer la monnaie numérique. Le GAFI a expliqué que les recommandations obligent les pays à faire ce qui suit: 
•    Évaluer et atténuer les risques liés aux activités virtuelles et aux fournisseurs de services.
•    Appliquer des sanctions lorsque les prestataires de services ne respectent pas leurs obligations en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
•    Enregistrer et superviser les prestataires de services et les autorités nationales compétentes.
•    Interdiction de recourir à un organisme d’autoréglementation pour superviser ou surveiller.
Pour contrer la menace du financement du terrorisme en utilisant la crypto-monnaie, les États doivent coopérer pour tirer parti des expériences de chaque pays face à cette menace et pour partager la technologie et les campagnes de sensibilisation à cet égard.