Il existe une difficulté à définir le cadre théorique, méthodologique et éthique qui contrôle le travail des médias, en particulier le suivi quotidien des activités des groupes terroristes locaux et internationaux. Il y a des questions et des problèmes méthodologiques auxquels il est difficile de répondre avec précision, étant donné la nature de la fonction que les médias de masses devraient accomplir au service de la société et la nature des législations, des lois et de l'éthique établie de l'action médiatique.

Quelle est la relation entre les médias et le terrorisme?
Et pourquoi les terroristes utilisent-ils toujours les médias pour cibler l'opinion publique?
Comment les médias devraient-ils gérer ce phénomène? A travers la diffusion ou la censure?
Ces questions posent un problème moral difficile et compliqué. Si nous supposons qu'un acte terroriste n'a pas retenu l'attention de divers médias et n'a reçu aucune diffusion, cela signifie que c'est comme si l'événement n'a pas eu lieu ou qu'il n'a eu aucun impact sur l'opinion publique ou sur les décideurs. Sans médias, le terrorisme est voué à la disparition et la désintégration.

Quant aux terroristes, les actes terroristes sont le seul moyen pour eux de susciter l'intérêt de l'opinion publique et des décideurs, afin que leurs problèmes, leurs causes et leurs demandes soient connus. Le problème à ce niveau est que les médias de nos jours et dans les sociétés démocratiques ne peuvent pas s'abstenir de publier des informations sur les actes terroristes, car ils estiment que leur fonction dans la société - conformément au principe du droit du public à l'information – c'est d'informer le public de tous les événements et faits survenus aux niveaux local et international. D'un autre côté, les États démocratiques ne peuvent pas s'ingérer dans les affaires des médias et les forcer à s'abstenir de rapporter les nouvelles des actes terroristes, conformément au principe de la liberté de la presse.

"Grâce à ce suivi médiatique, les organisations terroristes entrent en contact direct avec le public. Elles présentent leurs problèmes, leurs visions, leurs idées et les solutions envisagées. Il y aura toujours parmi les millions de personnes ciblés des gens qui sympathisent avec eux ou partagent leurs points de vue. Ainsi, le suivi médiatique accorde une couverture humaine aux groupes terroristes et les reconnaît en tant que membres actifs du système politique, qui ont leurs problèmes, leurs opinions et des solutions à ces problèmes qui diffèrent des thèses officielles du régime et de ses diverses institutions". (Mohamed Qirat - Journal électronique Al-Bayan).

Le terrorisme exploite les médias pour promouvoir et soutenir son idéologie, à travers ses tentatives constantes de profiter de la propagande médiatique pour se faire remarquer et mettre en exergue ses objectifs. Selon des chercheurs en psychologie, «les terroristes pourraient hésiter à mener leurs opérations s'ils savaient qu'ils ne feraient pas l'objet de propagande médiatique susceptible de révéler les pertes qu'ils ont infligées à leurs ennemis, à savoir que la guerre psychologique ne pourrait être fonctionnelle que si certaines personnes leur prêtaient attention. Margaret Thatcher, l'ancienne Premier ministre britannique, a qualifié cette propagande (gratuite) d'oxygène nécessaire au terrorisme, dont il ne peut se passer, car la couverture médiatique de l'événement terroriste rapporte des acquis stratégiques et tactiques aux adeptes du terrorisme». (Hayel Al Daaja - Journal de l'Ittihad).

Les médias assurent une fonction connue dans le suivi de l'événement, et plus ils sont neutres et objectifs, plus ils ont de succès et leur impact est plus grand. Cependant, ils doivent apporter une contribution efficace à la lutte contre le phénomène de la violence et du terrorisme. Certains croient que le terrorisme accomplit l'acte en soi, alors que la propagande c'est ce qui se charge du marketing du terrorisme, en particulier dans le monde arabe, où certains médias abordent la question du terrorisme sans objectivité, se faisant à leur insu, dans de nombreux cas, un outil publicitaire du terrorisme!

Fonction éducative des médias

Les médias remplissent une fonction nationale dans la formation de l'opinion publique, la présentation de questions politiques, économiques et sociales qui préoccupent les citoyens, et la promotion du niveau cognitif et intellectuel des citoyens dans tous les domaines, en plus de la fonction traditionnelle des médias qui est la diffusion de l'actualité sur toutes les parties du monde. Dans ce cas, les médias jouent un rôle positif et œuvrent pour la sensibilisation des citoyens et la promotion de la communauté pour lui permettre de réfléchir, d'analyser, et de relier les événements et les actions qui l'entourent à l'image mentale présentée par les médias.

De même, les médias assument une fonction spéciale à l'encontre du terrorisme, en menant des campagnes de sensibilisation qui informent l’opinion publique des méfaits du terrorisme et de son impact nocif sur la société. Parmi les missions les plus importantes que les médias devraient mener contre le terrorisme:
1.    Mettre en œuvre en permanence des campagnes de sensibilisation de masse.
2.    Inviter les experts les spécialistes à analyser et démystifier les idées terroristes, après toute nouvelle d'opération terroriste.
3.    Produire des programmes, des films et des pièces de théâtre pour la sensibilisation sur les idées terroristes.
4.    Recourir aux anciens terroristes et extrémistes repentis pour dévoiler à l'opinion publique le vrai visage des groupes terroristes.
5.    S'abstenir de diffuser toutes les nouvelles des opérations terroristes, pour ne pas faire de la publicité à leur idéologie extrémiste.
6.    Œuvrer à mettre au point un code d'honneur médiatique unifié selon lequel tous les médias opèrent, et qui présente la meilleure approche à adopter envers le traitement de l'actualité relative aux groupes terroristes.
 

Les médias et la recrudescence du terrorisme

Personne ne nie l'importance des médias et l’influence qu'ils exercent. Les moyens d'information sont devenus un facteur essentiel dans la vie des individus et des peuples. Ils façonnent leurs attitudes, leurs idées et leurs croyances. Nous ne pouvons pas non plus ignorer l'impact négatif des médias sur les services de sécurité, à travers la diffusion  d'informations sur les opérations terroristes qui contribuent à la réalisation des objectifs des terroristes, pour qui le simple fait de parler de leurs opérations dans les médias constitue un critère important pour mesurer le succès de leurs actes terroristes, au point que certains d'entre eux considèrent que l'acte terroriste qui n'est pas accompagné d'un suivi médiatique est un échec en soi.

Les terroristes exécutent généralement leurs crimes pour atteindre des objectifs majeurs, dont le plus important est d'attirer l'attention vers eux, de se faire reconnaître et de rendre leurs actes et faits légitimes. Les médias contribuent souvent à leur permettre d'atteindre ces objectifs, grâce au suivi médiatique et à l'attention exagérée qui leur est prêtée de la part des médias qui cherchent à avoir une longueur d'avance les uns sur les autres, et rivalisent pour le buzz en focalisant sur les crimes terroristes et en s'attelant à les analyser, les interpréter et évaluer leurs résultats.

Il est à noter également que lors de la couverture des opérations terroristes, les médias ont tendance à les amplifier, donnant l'illusion aux masses et à l'opinion publique de la force et du succès de ces opérations terroristes! Ainsi, ces groupes radicaux réalisent leurs principaux objectifs qui sont d'atteindre et d'influencer l'opinion publique locale ou internationale, et c'est ce qui renforce le sentiment de victoire parmi les terroristes.

Enfin, il est à noter que la couverture par les médias des actes terroristes met en danger la vie de nombreux journalistes et reporters, pouvant être pris en otage par les groupes terroristes, qui empochent des millions de dollars en guise de rançons, ce qui leur permet de mener d'autres opérations. Les groupes terroristes décident parfois d’assassiner des journalistes, comme ce fut le cas en Irak, en Tchétchénie, en Russie, en Algérie, en Colombie, au Mexique et en Syrie. Les rapports indiquent qu'un grand nombre de journalistes ont été tués par des groupes terroristes, malgré les efforts des Nations Unies pour assurer la protection nécessaire à la vie des journalistes, que ce soit lors des couvertures médiatiques des guerres ou en cas d'enlèvements perpétrés par ces groupes terroristes.