Il n’est plus secret pour personne que les médias jouent un rôle de prime importance dans les différents domaines de la vie contemporaine, que ce soit dans les domaines éducatif, culturel, économique ou de la sécurité, puisque des études ont été pour la plupart unanimes que les médias se sont imposés comme l’un des pans importants de l’ère moderne et comme un moyen efficace dans le développement de la conscience collective, des peuples et des sociétés.


La sécurité étant une condition préalable à la poursuite de la vie humaine un élément essentiel de sa croissance et un déterminant de son progrès, les responsables de la sécurité ont rapidement saisi la nécessité d'interagir avec les différents médias et de s'en servir aux fins de mieux sensibiliser à la sécurité et les mettre au service de la société et de ses diverses causes d’intérêt général. Et c’est eu égard à cette politique que sont apparus les médias de sécurité, qui poursuivent des objectifs en matière de diffusion des messages d'éducation à la sécurité sur les nombreux problèmes qui hantent la société, au premier rang desquels figure le phénomène de l'extrémisme violent chez la jeunesse arabe, considéré alors comme un comportement sociopathe, et une grave menace à la sécurité et la stabilité sociales.


La mission des services de sécurité est d'assurer la sécurité des citoyens par la préservation de l'ordre public et la moralité publique de diverses manières, notamment en respectant les lois et règles régissant la vie publique, en rappelant au devoir ceux qui les enfreignent ainsi qu’en déployant tous les moyens et dispositifs nécessaires en matière de sécurité pour prévenir la commission des crimes ou enquêter lorsqu'ils se produisent afin de traduire en justice les auteurs. Les médias de sécurité constituent l’une  des notions nouvellement apparues et qui ont émergé sur la scène médiatique suite au développement de la vie en société, en particulier au cours de la dernière décennie du XXe siècle, aux progrès spectaculaires accomplis dans le secteur des médias ainsi qu’en réponse à la nécessité de tirer parti des divers potentiels de ces médias en tant qu’outils d’influence efficace sur les membres de la société, notamment les jeunes à l’ère des nouveaux médias, des médias sociaux et des informations numériques et techniques sophistiquées. Les médias de sécurité, tels que définis par Donald Reimer, sont des médias qui tiennent compte des intérêts nationaux de chaque pays sans pour autant remettre en cause ni la mission des médias de service public ni non plus son importance. William Pelly convient que, grâce aux médias de sécurité, l'État peut garder la mainmise sur le secteur médiatique et y intervenir afin d'assurer les exigences en matière de sécurité et de stabilité à l’encontre des médias ouverts. Nous estimons que ces définitions permettent de retracer les caractéristiques les plus importantes des médias de sécurité, conçus ainsi comme une sorte de média spécialisé, axé sur l’honnêteté et l’objectivité pour satisfaire le droit de tout citoyen à l’accès à l’information, aux faits et lois touchant à la sécurité et la stabilité sociales. C’est également un média parfaitement compatible et cohérent avec la politique de l’État, visant à renforcer les intérêts nationaux, maintenir la sécurité et la stabilité de la société ainsi qu’à faire face aux médias ouverts, qui tentent parfois d’abolir le rôle de l’État et d’attenter à la stabilité sociale par la transmission de contenus incitant à la délinquance, au crime et aux idées extrémistes.


Nous constatons, à cet égard, que certaines études indiquent que les différents moyens d’information, en particulier les médias modernes, représentent l'une des sources les plus importantes de connaissances des schémas comportementaux et de la conscience sociale, et que plus de 90% des «média-spectateurs», en particulier les jeunes, les considèrent comme la première source de la culture de la violence, de l'extrémisme et du comportement criminel déviant et antisocial. Une étude scientifique sur le rôle des médias dans la formation de la conscience sociale chez les jeunes a indiqué que 59,82% de ces jeunes sont exposés de manière continue aux médias, que 50,2% s’y exposent durant une à trois heures et que les affaires liées à la toxicomanie et la drogue ainsi que les problèmes de l'adolescence, de la violence et de l'extrémisme religieux occupent une place de premier plan dans les affaires qu’ils préfèrent suivre dans les médias, témoignant ainsi de toute l’importance du rôle d’influence joué par les différents médias sur l'opinion publique ainsi que sur les attitudes et le comportement des individus, en particulier des mineurs et des jeunes. Certains contenus transmis, publiés ou diffusés ont, en effet, un impact néfaste sur l’éducation des jeunes et constituent par ailleurs une menace pour la sécurité et la stabilité de la société. Il convient à cet égard d’alerter les organes de contrôle sur l’ampleur et les dangers de ces tendances et de coopérer conjointement à la promotion d’une vision cohérente qui contribue à l’édification d’une société bien équilibrée.


C'est bien là qu’intervient le rôle important joué par les médias de sécurité dans la vie sociale pour sensibiliser l'opinion publique aux menaces encourues pour leur sécurité et leur vie. Pour cela, il faudrait mettre en place une stratégie clairement définie, qui contribue efficacement à la réalisation de nombre de fonctions liées à l’individu et à la société en matière de lutte contre la délinquance et l’extrémisme et de prévention ou de lutte contre ses effets. Ces objectifs sont les suivants:
1. Surveiller les phénomènes criminels et les activités terroristes aux niveaux local et international, analyser leurs implications, et contrôler leurs activités dans les médias, découvrir leurs modes d’action et exhorter les membres de la société à signaler toute information pouvant aider les services de sécurité à détecter les cellules terroristes et les groupes extrémistes dormants.
2. Développer une stratégie efficace pour lutter contre les idéologies extrémistes en dynamisant les rôles joués par les institutions de la société civile, telles que les écoles, la famille, les médias, les associations de services communautaires et les clubs sportifs.
3. Mettre en œuvre des campagnes continues de sensibilisation préventives à l'intention des familles, des enfants et des jeunes afin d’empêcher qu’ils ne soient victimes de groupes extrémistes et prévenir leurs recrutement et enrôlement dans les cellules terroristes.
4. Se familiariser avec les lois relatives à la lutte contre les crimes terroristes et contre l'extrémisme religieux, politique et social afin que tout le monde ait connaissance de ces lois, qui ont un effet dissuasif susceptible de prévenir l’endoctrinement de ces personnes tombées sous l’emprise des groupes extrémistes. La loi ne devrait donc pas protéger les imbéciles, certes, et celui qui reste impuni fait entorse aux bonnes mœurs.


À cet égard, nous saluons le rôle joué par le Royaume d’Arabie Saoudite dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme par le biais d’une stratégie médiatique mise en œuvre dans le cadre des efforts du Conseil des Ministres de l’Intérieur des pays arabes. Cette stratégie s’appuie sur l’optimisation des médias, du discours religieux et des cyber-médias pour, d’abord, sensibiliser l’opinion publique et la société arabe aux dangers du terrorisme et de l’extrémisme, ensuite, élaborer un contenu médiatique audiovisuel et écrit aux fins d’instruire les jeunes et générations présentes et futures et de les prémunir contre le terrorisme et l'extrémisme, et enfin, orienter le discours religieux diffusé par les médias, conformément à la politique et aux orientations de l'État en matière de lutte contre le terrorisme, la violence et l'extrémisme et de promotion de la culture de tolérance et de modération.


Extrémisme: c’est un mal qui sévit dans la société en raison de la xénophobie culturelle ou religieuse ambiante, d’une interprétation défectueuse et erronée de la religion, ainsi qu’en raison de l'extrémisme et de la radicalisation. Et tout cela bascule ipso facto vers des idéologies et actions agressives envers les autres.


Il existe plusieurs formes d'extrémisme dont les plus importantes sont les suivantes: l’extrémisme religieux, politique et social où l’extrémiste recourt à toutes les formes de violence pour imposer ses propres croyances. Il y a des signes du phénomène de l'extrémisme, dont les plus importants sont:
- Accuser les autres de mécréance et d’égarement, jeter l’anathème contre les gouvernements et les forces de sécurité et tenir des discours d’incitation à la discrimination contre des groupes et personnes de confessions ou de doctrines différentes. Une conjonction de facteurs intervient pour expliquer les motivations qui poussent les membres de la société, en particulier les jeunes, à adopter l'extrémisme, la violence et une attitude de revanche qui cherche à se venger d’une société incriminée. Les facteurs les plus importants sont les suivants: l’ignorance des fondements de la religion musulmane, la pauvreté intellectuelle, l’absence de références religieuses fiables, l’affaiblissement du sentiment de l'identité nationale et du patriotisme ainsi que le vide observé en matière de lois et règlements stricts de lutte contre l'extrémisme. Plus important encore, le rôle des médias passifs face à ces comportements antisociaux qui affectent le tissu social et sa composition.


Les solutions proposées en matière de lutte contre l'extrémisme sont comme suit:
1. L’adoption par l’État d’une stratégie médiatique dépend de l’organisation de campagnes d’information et de sensibilisation visant à diffuser une culture de tolérance et de coexistence, ainsi que de la nécessité de surveiller le discours religieux diffusé dans les médias, de contrôler les réseaux sociaux, de revoir le contenu des manuels scolaires et de passer en revue les références dans les catalogues des bibliothèques.
2. Il s’avère nécessaire que les parents (ou tuteurs) avisent et sensibilisent leurs enfants et qu’ils surveillent leur comportement et leurs relations avec les autres, en particulier leurs amis, afin de prévenir leur radicalisation en entrant en contact, en fraternisant et en communiquant avec les extrémistes, par le biais de médias et de réseaux sociaux devenus des plateformes de «réseautage» et de communication entre les jeunes de la génération actuelle.
3. La formation de comités consultatifs, composés de savants modérés, de psychologues et sociologues, visant à discuter et débattre avec les adeptes de l’idéologie extrémiste, à leur offrir des services de conseils et les aviser sur le danger de tomber dans les griffes de l'extrémisme et de la déviation idéologique qui se déploie au détriment de la voie de la modération et du juste-milieu.
4. Promulguer des lois et des législations qui criminalisent le discours de haine et l'extrémisme violent, par exemple la loi prohibant le discours de haine aux Émirats Arabes Unis, qui comprend un ensemble d'articles criminalisant la diffamation des religions et pénalisant l’offense aux Livres sacrés et lieux de culte et l’incitation aux discriminations sectaire et ethnique. Par ailleurs, seront poursuivis tous ceux qui soutiennent et financent les idéologies extrémistes et terroristes.
5. Renforcer le volet sécurité en surveillant les éléments suspects pour avoir accès aux informations relatives à leurs mouvements et activités suspectes et contrôler les fonds provenant de sources à l’intérieur du territoire ou de l’étranger aux fins de financement des groupes extrémistes.


Enfin, la lutte contre l'extrémisme n’est pas le devoir d’un organisme en soi, mais c’est une responsabilité partagée, qui incombe à la société tout entière, en particulier la famille, qui constitue le premier pilier de la protection de la société contre toutes les formes de délinquance, de criminalité et de comportement antisocial. Viennent ensuite les autres institutions, en particulier les services de sécurité, les médias et les institutions de la société civile.