Le 6 janvier 2021 est devenu un symbole de l'extrême droite aux États-Unis. Ce jour-là, des groupes extrémistes ont protesté contre ce qu'ils prétendaient être le vol des élections comme un complot mené par l'État profond. Face à ce réquisitoire indiscipliné, il n'était pas important de gagner le scrutin par 7 millions de voix, ni de manquer des preuves de ladite fraude électorale, nullement indispensables face au flot de discours incendiaires cherchant à mobiliser les masses en colère des extrémistes de droite qui rejettent les résultats du scrutin de 2020 et cherchent à l'annuler manu militari.

Pratiques extrémistes

Les nouveaux radicaux de droite montrent leur dédain pour le gouvernement fédéral à travers des pratiques qui simulent le sectarisme ayant déclenché la guerre civile américaine entre 1861 et 1865, telles que l'opposition à l'égalité et à la démocratie, les prétentions d'exclusion en raison de la bureaucratie du gouvernement fédéral et des impôts qu'il impose ou  le contrôle des élites libérales, déclarant leurs craintes face au processus de production moderne de haute technologie et à la dépendance envers la créativité technique et le souci de l'efficacité et de l'expérience.

Les membres de la droite les plus pratiquants et les plus fanatiques sont les évangéliques, religieux ou laïcs et les extrémistes de droite ayant tendance à privilégier le dogme intellectuel sur la logique factuelle, la passion sur la science et l'intuition sur la pensée critique.

Les extrémistes de droite ont déjà travaillé dur pour leur succès politique, participant à des élections locales et nationales à faible taux de participation au cours desquelles une minorité organisée peut remporter des sièges dans les conseils municipaux et les commissions scolaires, etc.

Le début de cette activité a eu lieu à la fin du mandat présidentiel de George W. Bush, et après que le pays a été accablé par les effets de l'invasion de l'Irak et de la récession économique de 2007-2008. Le mouvement du thé avec son cadre économique conservateur, ses tendances d'extrême droite et ses penchants républicains a émergé sur la scène politique. Après l'arrivée au pouvoir du président Obama en 2008 et l'intensification de la rivalité politique entre les deux partis, la rhétorique raciste incendiaire s'est accentuée et a conduit à l'émergence d'un climat polarisé dans lequel s'épanouit l'extrême droite et s'exacerbe la haine des étrangers et des immigrés.

Mythes et croyances

La pensée mythique forme la vision du monde et de la vie de l'extrême droite, et plus la droite s'enfonce dans la pensée idéologique, plus ses affiliations politiques deviennent intolérantes. Les extrémistes ne permettent pas la critique de leur perception déformée des États-Unis d'Amérique. Ils voient que l'âge d'or est lié à la domination de l'homme blanc, à la suprématie de la religion chrétienne et à la domination des propriétaires d'argent et des propriétaires terriens, et croient que la promesse de bonheur faite par la Déclaration d'Indépendance s'adressait à eux seuls et non aux ouvriers, personnes de couleur (noires et jaunes), femmes, Amérindiens (Indiens rouges), Asiatiques et autres groupes de personnes.

Pour justifier cette vision imaginaire, l'extrême droite suppose que les groupes exploités et privés de leurs droits sont heureux de ces conditions. Les œuvres classiques de l'art réactionnaire ont perpétué ce mythe dans le film "Naissance d'une Nation" (1915), qui célèbre le groupe raciste pro-homme blanc "Ku Klux Klan". Divers récits racontés en privé et en public, et inclus dans les manuels scolaires pour consolider et asseoir ces préjugés, forment une vision dégradante des exclus en raison de leurs sexe, race, culture ou statut économique, comme s'ils étaient de jeunes garçons immatures accusés de paresse ou d'indolence au point de ne pas chercher à changer leur situation ! Ainsi, les groupes vulnérables perdent toute justification face à l'injustice qui les frappe et au droit de s'y opposer.

L'extrême droite est convaincue d'une seule idée, à savoir qu'une clique satanique et rusée a empoisonné ces esprits faibles avec des idées folles d'égalitarisme, et les a poussés à se révolter contre la condition misérable à laquelle ils sont destinés, et que cette conspiration est l'œuvre des communistes ou des libéraux, peu importe, puisque le danger est le même de la part de groupes opprimés s'attaquant aux blancs chrétiens supérieurs qui sont leurs dirigeants légitimes, causant la destruction de la plus grande nation sur terre.

L'extrême droite estime que la Ligue afro-américaine a infesté les rues de criminels, ouvert les frontières américaines aux gangs d'immigrants de différents pays et détruit le moral de la police. Les arguments à ces allégations importent peu car les preuves alternatives fallacieuses abondent et sont relayées par "FOX NEWS" et les autres médias de droite tels les sites Web néonazis, ayant grandement contribué à la diffusion d'informations mensongères ininterrompues, divisant le pays, sapant le discours de la raison et semant la zizanie de sorte qu'à peine deux personnes puissent s'entendre sur une quelconque vérité.

Violence de droite

Le rejet par l'extrême droite du dialogue a fait de la violence le seul moyen de résoudre les conflits et les différends. Plus de 500 millions d'armes circulent aux États-Unis. Au lendemain de centaines de fusillades, les libéraux et d'autres courants de gauche ont cherché sans succès à limiter les ventes d'armes.

Les réformes les plus aisée, comme l'interdiction des AK-47, sont combattues non seulement par l'extrême droite, mais aussi par le grand public conservateur. Le débat juridique sur le contrôle des armes à feu ne porte pas seulement sur le droit constitutionnel des Américains à porter des armes, mais aussi, compte tenu de la présence de nombreux groupes extrémistes actifs à travers les États-Unis, sur la capacité d'utiliser ce débat et les libertés démocratiques pour détruire la démocratie.

Après l'incident du 6 janvier, ses organisateurs, comme les Proud Boys et les Oath Keepers, ont argué que l'incident était un rassemblement pacifique, tandis que d'autres affirmaient qu'il était organisé par un groupe anarchiste antifasciste dit Antifa, en collaboration avec des antiracistes associés au mouvement Black Lives Matter. Cependant, d'autres extrémistes de droite affirment que la rébellion était une fausse rumeur. Mais la vérité est autre et la rébellion qui a eu lieu faisait partie d'un nouveau modèle à travers lequel les extrémistes de droite tentaient de contrôler les conseils d'État. Ils ont agressé des observateurs électoraux, pris d'assaut la maison du président de la Chambre des représentants des États-Unis Nancy Pelosi, grièvement blessé son mari, tenté d'enlever Gretchen Whitmer, gouverneur du Michigan, attaqué des synagogues et des églises noires et tué des militants soutenant le droit des femmes à l'avortement.

L'antisémitisme et l'islamophobie se sont propagés, le racisme est devenu monnaie courante du discours politique et les appels à rejeter les interprétations critiques de l'histoire américaine, en particulier celles écrites par des auteurs de couleur, se sont intensifiés. Les perturbations des réunions des conseils municipaux et des conseils scolaires témoignent de la prévalence de gangs violents de l'extrême droite.

Les extrémistes ont réussi à exercer des pressions politiques et partisanes pour faire prévaloir l'hypothèse que les Blancs sont la minorité persécutée, que l'anti-immigration préserve le mode de vie américain, que l'opposition aux interprétations critiques de l'histoire américaine est du patriotisme, que la restriction du vote aide à garantir des élections libres et équitables, que la réduction des impôts pour les riches et des programmes de protection sociale profite économiquement à tous les citoyens.

La politique débridée de l'extrême droite fait le jeu des évangéliques chrétiens, des fanatiques religieux, des nationalistes blancs, des extrémistes férus des armes à feu, des nazis et des théoriciens du complot, qui paraissent plus puissants quoiqu'ils soient une minorité en raison de leurs méthodes basées sur l'excitation.

En conclusion, les politiciens avisés devraient adopter des positions fermes fondées sur les principes, promouvant les politiques économiques égalitaires et les libertés civiles et défendant les implications des valeurs libérales, car la lâcheté face au fascisme est une auto-échec. Les élus, les médias et le grand public doivent déterminer comment traiter les gangs de droite et faire pression sur le système judiciaire pour qu'il les condamne et les réprime. Il est également indispensable de cibler les jeunes et d'user des médias de manière innovante pour dénoncer ces extrémistes aux yeux des électeurs indépendants.​