La région du Sahel est l'une des plus grandes zones de conflit du continent africain; les attaques terroristes ciblant des civils et des forces gouvernementales et étrangères sont à la hausse et se multiplient dans la région. Plusieurs facteurs se sont conjugués pour permettre aux groupes terroristes d'accroître leur présence et leurs opérations, ainsi que d'empêcher le contrôle et la lutte contre ces opérations tels que la fragilité, la situation géographique, la persistance des conflits sociaux, la pauvreté et le chômage et l'aggravation de l'extrémisme religieux.


Les plus dangereux
L'environnement du Mali, incubateur d'organisations extrémistes et violentes, est considéré comme l'état le plus dangereux. Malgré l'appui apporté au gouvernement par l'ONU et la France, face à ces groupes terroristes, la situation sécuritaire menace la survie de l'état lui-même, ainsi que l'ensemble de la région.

Au Mali, le terrorisme est étroitement lié aux troubles internes, aux conflits ethniques et sectaires de longue durée, en particulier dans la région entre le nord et le sud, ainsi que d'autres groupes rebelles cherchant une autonomie dans le nord du pays. Ces facteurs ont aidé les groupes terroristes à s'enraciner dans la société malienne et à tirer leur existence et leur force de l'aggravation de ces problèmes.

La menace terroriste au Mali remonte à 2003, lorsque le groupe terroriste algérien connu alors sous le nom de Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) a lancé des opérations au Nord de l'État pour obtenir des gains servant ces activités dans d'autres lieux. En 2007, le groupe a prêté son allégeance à Al-Qaïda en se rebaptisant «Al-Qaïda dans le Maghreb Islamique».  En 2012, Al-Qaïda s'est unie avec les rebelles touareg contre le Mali, donnant naissance à d'autres groupes armés, comme les Ansar Al-Din. Depuis 2012, le fondamentalisme a marqué les conflits sectaires au nord et au centre du Mali et s'est étendu au Burkina Faso et au Niger. Ces groupes cherchent à semer des dissensions sectaires et ethniques. Ils visent la création de nouveaux fronts de conflit, afin d'aggraver les conditions de sécurité et étendre leur influence, en tirant profit des hostilités ethniques latentes et de l'absence de l'État dans les régions des parties.

 

Développement de l'extrémisme
La société malienne est confrontée à des problèmes politiques, économiques, sociaux, religieux et démographiques, qui ont contribué à la montée de l'extrémisme violent et son enracinement dans le pays, notamment:

Pauvreté extrême: Bien que le Mali soit l'un des pays africains les plus riches en ressources minérales et agricoles, sa population reste pauvre. La plupart de ses 20 millions d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Les groupes terroristes exploitent cette situation pour augmenter le nombre de ses militants. Beaucoup de jeunes chômeurs ou pauvres trouvent en ces groupes un refuge, mais en revanche ils sont confrontés à des lavages de cerveau qui les transforment en dangereux extrémistes.

Plaintes contre l'État: De nombreux civils sont indignés par l'État en raison de la mauvaise qualité de vie ou le mauvais traitement de la part des responsables: Les responsables de l'eau et des forêts, les chefs de district, les chefs de département et les juges. Les bergers et les paysans se plaignent souvent de la répression et de la brutalité, des arrestations répétées, des amendes et des impôts élevés et des sanctions sévères en cas de non-paiement des impôts et des amendes en exposant, par exemple, un père de famille au soleil brûlant jusqu'au payement de l'amende prévue. Ces facteurs exacerbent le mécontentement des populations vis-à-vis de l'État et les poussent à rejoindre les groupes extrémistes.

Ressources naturelles: La pénurie de ressources naturelles provoque des conflits sanglants entre les communautés qui luttent pour l'accès à l'eau et aux pâturages surtout que 80% de la population dépend de l'agriculture, de la pêche et de l'élevage. Parallèlement, des groupes radicaux se battent pour la domination de ces ressources en exploitant le besoin des populations pour imposer certaines conditions, tel que l'obligation à rejoindre le groupe. Lorsqu'un chef de famille ne peut nourrir ses enfants, il doit accepter les conditions de ces groupes qui, au fil des ans, sont devenus des gouvernements organisés, fournissant des services de base à la population et, dans certains cas se considère même comme un gouvernement légitime.

Arrestations: Certaines populations se plaignent d'être victimes de mauvais traitements de la part des forces de défense et de sécurité maliennes, d'être régulièrement et répétitivement arrêtées et placées en détention provisoire, ce qui les amène à rejoindre les groupes extrémistes après leur libération, ce qui accroît leur influence et leur nombre.

Médias: Les groupes terroristes ne comptent pas uniquement sur la force militaire pour atteindre leurs objectifs; ils s'efforcent de faire appel aux techniques de communication modernes, des vidéos et des enregistrements sonores émis dans leurs sites, pour faire connaître leurs idées et propager leur influence. Ces méthodes ont contribué à inciter à la violence et à la haine, à répandre des rumeurs et à semer la confusion dans la région.


Conséquences de l'extrémisme
En raison de la prolifération constante des groupes extrémistes dans la région; la société malienne est constamment exposée à des souffrances affectant les différents domaines de la vie:

  • Détérioration de la sécurité: À l'augmentation des conflits ethniques et des attaques terroristes qui coûtent des victimes innocentes; la situation sécuritaire dans le nord, le centre et le sud du Mali s'est considérablement détériorée; les enlèvements, les vols et la vente de bétail se sont multipliés, le commerce de stupéfiants et d'armes s'est étendu, les cultures ont été brûlées dans les champs et dans les magasins de grains, les machines à labourer ont été détruites dans certaines régions, ce qui a entraîné une dégradation considérable du niveau de vie. Les familles riches ont rejoint la liste des plus pauvres à cause des vols et attaques répétées contre les cultures, le bétail et les biens privés. Certains groupes ont réussi à exploiter cette situation en prenant le contrôle de villages entiers, depuis 2017 et jusqu'à aujourd'hui.
  • Fragilité du développement: Le développement est naturellement affecté par l'insécurité dans un pays. Dans un État comme le Mali, qui connaît depuis des années des conflits sanglants et des attaques terroristes successives, les possibilités de développement doivent diminuer et les services de base, en particulier dans les zones contrôlées par ces groupes. Le Mali a subi la destruction de nombreux services importants, tels que les réseaux téléphoniques, les routes et les transports; des redevances ont été imposées pour les transports terrestres et fluviaux et les procédures de contrôle routier ont été renforcées pour obtenir ces redevances.
  • Désintégration sociale: L'extrémisme violent au Sahel est l'une des principales causes de la désintégration du tissu social; les activités terroristes, de l'insécurité et de la fuite des familles. La population de certaines grandes villes comme Bamako, Ségou et Mopti a doublé et des pays d'Afrique du Nord ont connu des problèmes démographiques en raison de l'afflux de dizaines de milliers de personnes maliennes qui fuient les et qui ont trouvé refuge dans ces villes ou pays.
  • Effondrement du système éducatif: Le système éducatif malien est en chute libre; en raison de l'opposition des groupes terroristes au système d'enseignement officiel français, de nombreuses écoles ont fermé. Environ 700 écoles du centre du Mali, de la région de Mopti et des arrondissements de Ségou et de Nyafunki de la région de Tombouctou sont fermées.
  • Groupes d'autodéfense: Avec l'apparition des groupes extrémistes, et l'aggravation de leur danger, certaines communautés ont été obligées d'organiser des groupes de défense bénévoles mais des conflits internes se sont rapidement déclenchés entre ces groupes dans des zones à risque, comme à Kontri, les villes de Niyono et Massena, dans la région de Ségou, ainsi que dans des communautés dans le delta, ce qui a intensifié les troubles et l'anarchie.
  • Intolérance religieuse: Certains groupes radicaux, comme Ansar Al-Din, ont demandé l'indépendance de l'État du Mali et l'établissement de l'État de la Charia dans le Nord du pays.
En conclusion
Faire face à la crise ne dépend certainement pas uniquement de solutions sécuritaires. La situation exige plutôt un ensemble d'initiatives qui s'attaquent aux différentes causes profondes du conflit, notamment les problèmes économiques et les problèmes fondamentalistes, avec l'importance d'acquérir des compétences plus larges pour lutter contre les insurrections internes, mettre fin aux conflits ethnique, essayer d'instaurer la stabilité, améliorer les relations entre la population et l'État, préserver l'union et améliorer le moral des citoyens.