L’année 2020 a connu une série d’événements et d’activités qui ont contribué à la croissance des extrémistes de droite et de gauche, et à leur retour sur la scène politique en Europe et en Amérique du Nord. La pandémie du Coronavirus (Covid 19) et les lois sanitaires strictes qui l’ont accompagnée ont contribué à l’augmentation du nombre d’adeptes de la théorie du complot dans les sociétés ayant un passé proche de droite et de violences fondamentalistes, dont les mouvements Qanon et Proud Boys et les groupes hostiles aux mesures sanitaires strictes imposées par leurs pays pour lutter contre l’épidémie.

Cette situation a coïncidé avec les manifestations mondiales contre l’injustice raciale sous la bannière du mouvement Black Lives Matter, ayant débuté aux États-Unis après le meurtre par la police de l’Afro-américain George Floyd, devant les caméras. En réponse à ces manifestations, l’activité et la violence des extrémistes (de droite et de gauche) sur et en dehors d’Internet ont augmenté, non seulement aux États-Unis, mais dans le monde entier.

Origine et histoire
 La dualité (droite et gauche) est apparue en France au XVIIIe siècle, alors que le monde entier, en particulier l’Europe, surveillait de près la Révolution française et suivait son évolution sur le terrain, c’est alors que des termes tels que «droite» et «gauche» ont commencé à émerger en tant que concepts politiques fondamentaux, avant de se répandre dans le monde entier.

La dichotomie (droite et gauche) demeure un héritage propre à la Révolution française et plus précisément au Conseil constitutionnel français, lors du vote sur les pouvoirs de véto du Roi le 29 août 1789. Les partisans du «veto» parmi les royalistes (conservateurs) ont été invités à se tenir à droite de la salle, et les opposants (modernistes) à gauche, ce qui allait donner naissance à une nouvelle division politique. Après leur adoption dans la politique française, les termes de droite et gauche se sont répandus dans toute l’Europe, devenant des qualificatifs pour l’identité et l’orientation politique des individus et des groupes. Depuis lors, la polémique (droite et gauche) est devenue un défi pour les théoriciens politiques.

Cependant, la transformation de ces deux termes en catégories fondamentales, systématiques et officielles de l’identité politique a pris plus d’un siècle, et ne s’est constituée en forme institutionnelle que dans la première décennie du XXe siècle. Leurs significations sont devenues précises et claires. Ainsi, les opposants au Parti communiste surtout durant l’ère stalinienne ont été qualifiés de déviants de gauche ou de droite, alors que pencher vers la gauche voulait dire adopter la révolution ouvrière mondiale et pencher à droite signifiait l’adoption d’une sorte de sentiment nationaliste fondamentaliste.

Ces définitions étaient flexibles et changeaient souvent selon la situation politique et les positions du parti au pouvoir. Certains optent pour le sens littéral des termes et d’autres penchent pour une interprétation historique du contenu lexical des termes restés stagnants pendant des siècles, tout en tenant compte des nouvelles catégories politiques, telles que : (conservateur, libéral, progressiste, réactionnaire). C’est pourquoi les termes «droite et gauche» décrivent l’orientation culturelle nationale plus que la scène politique figée.

Il est presque impossible de parler des années 1920 et 1930 en Europe sans faire référence à la droite ou à la gauche en tant qu’identités politiques. Entre la première et la seconde guerre mondiale, lorsque les peuples européens étaient aux prises avec les politiques officielles de leurs pays, les termes droite et gauche apparaissait comme un outil pour polariser les spectres politiques et (diaboliser) les adversaires. Tant la droite que la gauche sont devenues plus fondamentalistes alors que le centre libéral disparaissait presque de la vue.

Dans les années 40 et 50, la guerre froide a accru la persécution de tous ceux qui se revendiquaient de gauche. Les citoyens perdraient leurs emplois publics et risquaient d’être poursuivis s’ils révélaient leurs tendances socialistes ou communistes, ou déclaraient leur affiliation ou leur sympathie avec le camp de l’Est. Le libéralisme apparaissait en étroite liaison avec la gauche et les associations communistes, ce qui lui conférait une couleur négative chez les conservateurs.

Pendant la guerre du Vietnam, les deux termes sont revenus au premier plan, permettant aux gens d’exprimer leurs différences avec les autres, concernant notamment les politiques internes et externes du pays. Quant à présent, on peut dire que la gauche renvoie au progressisme et au libéralisme, et la droite au conservatisme et au nationalisme déviant. Quant au centre, il est toujours en constante évolution.

Dialectique de la droite et de la gauche
La question à laquelle il faut se pencher est la suivante : pourquoi la plupart des partis d’extrême droite rejettent-ils la distinction traditionnelle (classique) entre (droite et gauche) et se placent-ils en dehors de cette classification ? Selon les experts, il y a quatre raisons principales pour lesquelles les partis d’extrême droite cherchent à se classer à l’extérieur de cette dichotomie :
  1. L’essence du credo de ces partis, qui voient dans les deux blocs (droite et gauche) un adversaire politique à qui il ne faut pas se fier.
  2. La lecture unilatérale du monde de l’extrême droite qui ne voit dans la distinction (droite et gauche) aucune légitimité ou ajout politique ni aucun sens convaincant.
  3. Rejet de la connotation négative du terme (extrême droite) associé au racisme et à la discrimination ethnique, ce qui les amène à s’interroger sur la discrimination dans son ensemble.
  4. L’extrême droite se définit comme (ni gauche ni droite) ! Cela leur permet de se distinguer du reste de l’échiquier politique et d’affirmer qu’ils n’appartiennent pas à la politique traditionnelle actuelle ou n’en tiennent pas compte. Les élections présidentielles françaises de 2017 ont remémoré de cette distinction. La chef de file de l’extrême droite, Marine Le Pen, a affirmé que ces deux termes n’avaient pas de sens et que la vraie division se situait entre (mondialisme) et (nationalisme).

Mondialisme et nationalisme extrême
Puisque les termes (droite et gauche) sont originaires de France, il n’est pas surprenant que le schisme entre les deux groupes dans ce pays soit si large. De nombreux politiciens ont tenté de transcender cette dualité en usant de principes patriotiques et démocratiques supérieurs. Ainsi, l’ancien président français Charles de Gaulle a contesté ces deux termes et cherché à surmonter les divisions partisanes dans la société française et au sein de son gouvernement, au nom de l’intérêt de la République.

De même, l’arrivée de Marine Le Pen à la tête de son parti Front National en 2011 a marqué la transformation progressive de l’extrême droite française, dans le contexte des aspirations du Front National à devenir un parti officiel au pouvoir acceptable par tous les Français, de toutes tendances, la lutte pour cet objectif devenant une priorité stratégique du parti.

Ainsi, Le Pen entame une double politique de dédiabolisation de son parti, de rapprochement avec l’opinion publique, et de tentative de recrutement en dehors des lignes régulières du parti, introduisant une nouvelle acception derrière le dualisme (droite et gauche), à travers la dichotomie (mondialisme et nationalisme). Il est à noter que (l’extrême droite) ou (la droite extrémiste) est ce qui maintient l’idée de (la gauche) vivante en politique et dans la conscience de ses adeptes, car son existence est associée à l’existence de la gauche et au danger qu’elle représente pour l’État et la paix de la société.

Menaces et violence politique
Contrairement à de nombreux reportages dans les médias en 2020 et 2021, les extrémistes de droite n’étaient pas les seuls à l’origine des violences et du vandalisme observés dans de nombreux pays occidentaux. Des groupes d’extrême gauche se sont également déployés dans tout le pays pour faire obstruction aux groupes adverses. Pour réaliser les menaces potentielles que font peser les militants d’extrême droite et d’extrême gauche et les interactions entre ces mouvements politiques conflictuels, il faudrait comprendre le mouvement de ces groupes, non seulement dans la sphère publique, mais aussi sur Internet.

Bien que les extrémistes soient en conflit constant, ils trouvent souvent un ennemi commun dans l’État central avec ses forces de l’ordre, son gouvernement et ses bâtiments publics. En bref, les groupes extrémistes de droite et de gauche trouvent un terrain d’entente dans le nihilisme et le chaos qu’ils cherchent à semer même si cela conduit à une guerre civile. Ainsi, le Front de Libération de la jeunesse à Portland, se décrit comme «un réseau décentralisé de groupes de jeunes indépendants, agissant pour libérer les institutions de l’État, de «la tyrannie du gouvernement et du capitalisme».

Les groupes d’extrême droite considéraient le président américain Donald Trump comme un allié important à la Maison Blanche, capable de rétablir les choses et d’éliminer (les traîtres) et l’extrême gauche. En 2019, Trump a intimé aux autorités fédérales chargées de l’application des lois d’ignorer les activités de la «droite» et de ne prêter attention qu’à la menace de «gauche», qu’il considérait comme la plus grande menace pour l’État. Pendant ce temps, la droite a été autorisée à se développer de manière inquiétante. L’ampleur de la menace est devenue évidente lors des événements du 6 janvier, lorsque les informations et les médias sociaux ont été remplis d’images de groupes d’extrême droite, d’adeptes du mouvement complotiste de QAnon et de partisans de la «suprématie blanche» prenant d’assaut la colline du Capitole.

Extrémisme mutuel
Dans le contexte des conflits mondiaux, il y a un besoin urgent d’une nouvelle prise de conscience mondiale pour comprendre l’activisme d’extrême droite, qui prétend préserver l’identité et la culture blanche, ou pour contrer la gauche progressiste, dans laquelle la droite voit une force destructrice des valeurs traditionnelles et de la culture locale. Malgré les différences politiques, les extrémistes de droite et de gauche présentent des caractéristiques psychologiques et comportementales similaires, les autocrates de droite ayant tendance à soutenir fortement la hiérarchie existante, alors que les autocrates de gauche insistent pour s’y opposer fermement, tous deux partageant en fait un trait commun psychologique qui les réunit plus qu’il ne les sépare.