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03/01/2022
Depuis 2009, le Nigeria subit le terrorisme et l’extrémisme violent à cause de l’émergence du mouvement terroriste Boko Haram, qui adopte la même idéologie qu’Al-Quaïda. Ce livre intitulé (Boko Haram : Security Challenges and the Rise of a Rebel Group), écrit par l’expert en sécurité Dr. Ona Ekhomu, parle de l’histoire de ce mouvement, de ses objectifs et des moyens de le combattre. Le livre se compose de trois parties. La première partie présente les racines historiques du groupe terroriste Boko Haram, ses débuts, l’émergence du terrorisme au Nigeria, et les méthodes de financement. La deuxième partie traite des objectifs stratégiques du groupe, ciblant l’armée, les forces de l’ordre, les écoles, les étudiants, les infrastructures et les lieux de culte. La troisième partie traite des solutions et mesures officielles adoptées par le gouvernement nigérian dans sa guerre contre le groupe, dont notamment la solution militaire, les négociations et l’utilisation de l’aide internationale.

Première partie: Racines historiques
Le chef du groupe Ahl al-Sunnah pour la prédication et le Jihad au Nigeria, Muhammad Yusuf, voit que l’éducation occidentale laïque (Boko) dans la langue locale est interdite par la loi islamique et doit être criminalisée, combattue et éliminée. D’où le nouveau nom du groupe (Boko Haram), qui signifie (l’éducation occidentale est interdite).

Croyance de groupe
Boko Haram insiste sur le fait que l’éducation occidentale laïque est contraire à l’islam ayant imposé le mélange dans les écoles, enseigné la théorie de l’évolution de Darwin et d’autres choses jugées déviantes de ce qu’apporte le véritable Islam. Le groupe ne reconnaît pas les transactions bancaires et les taxes, et ces pratiques économiques et juridiques modernes sont étrangères à l’Islam et interdites.

Afin d’éviter ces tabous dans les grandes villes, le groupe a tenté d’établir une société isolée de la réalité nigériane. Muhammad Yusuf a interdit à ses partisans de s’engager dans la démocratie, la fonction publique et l’éducation occidentale. Les combattants extrémistes n’étaient pas une menace pour la sécurité nationale au début du conflit armé, mais avec la mauvaise gestion du conflit par les autorités, les combattants terroristes ont pu remporter de nombreuses victoires sur le terrain contre le gouvernement nigérian, et en 2014, ils ont réussi à contrôler de vastes terres à l’intérieur du Nigeria.

La mosquée Ibn Taymiyyah était le siège principal où Muhammad Yusuf et son successeur, Abu Bakr Shekau, dirigeaient le mouvement rebelle. Le groupe avait trois organes importants. Le premier est le Conseil Exécutif, qui se compose de divers départements, le second est le Conseil de la Choura et le dernier est la Commission Hisbah. Les responsables du gouvernement américain ont doté le nom de  « talibans nigérians » au groupe « Boko Haram » lors d’une interview avec eux en octobre 2003.

Shekau, le deuxième chef
Muhammad Yusuf est un salafiste bien informée et bien éduquée, ayant une personnalité expérimentée et distinguée et appartenant à un statut social élevé qui maîtrise et parle couramment l’anglais. Cependant, il a semé les graines de la violence intellectuelle dans sa direction du mouvement. Après sa mort, Abu Bakr Shekau lui a succédé et s’est enfui au Niger pour se mettre à l’abri des autorités nigérianes.

Shekau est né dans l’État de Yobe et n’a reçu aucune éducation formelle et ne connaissait pas l’anglais. Il est devenu un exemple vivant de la pensée obscurantiste de Boko Haram, plus destructive et plus terroriste. Son message était bref et clair : les autorités des États d’Abuja et de Borno sont corrompues. Pour lui, l’application de la charia aboutirait à un système de gouvernement équitable. Avec sa rhétorique violente, Shekau a réussi à attirer de nombreux jeunes et les a convaincus que le véritable ennemi était l’élite nigériane corrompue, responsable de leur pauvreté et de leur misère.

L’écrivain note que les autorités nigérianes ont raté une occasion précieuse de se débarrasser de Shekau. En juillet 2009, les autorités ont réussi à arrêter Muhammad Yusuf à Borno, et il a ensuite été tué, et Shekau a reçu une balle dans la jambe, mais il a réussi à s’échapper.

Une histoire de violence
Il existe divers récits sur l’identité des premiers attentats terroristes au Nigeria. Selon l’auteur, la première attaque contre le poste de police de Panchkara est un acte de terrorisme direct perpétré par Abou Bakr Shekau. La secte Yusufiya (devenue Boko Haram) est alors devenue l’un des rares groupes armés à avoir tendance à la violence et à mener des attaques à grande échelle. L’auteur a attribué cette méconnaissance de l’origine du terrorisme au manque d’informations de renseignement dont disposaient les autorités nigérianes à l’époque.

Danger permanent
Bien que le Nigeria ait connu une relative stabilité politique au début des années 2000, les dangers politiques persistent encore. De nombreux mouvements séparatistes (tels que les militants du delta du Niger, l’OPC et les combattants terroristes) cherchaient un point d’appui. En 2008, le groupe « Boko Haram » a émergé comme un mouvement fondamentaliste, extrémiste et violent, mais la CIA l’a ignoré, n’étant pas une menace sérieuse pour la sécurité de l’État.

Sources de financement
Les questions se multiplient sur les financiers de Boko Haram au Nigeria, le groupe terroriste ne disposant pas de ressources financières importantes ou d’une source de revenus permanente claire. Quelles sont donc les sources des engins explosifs, des balles, des canons antiaériens, des mitrailleuses et des autres munitions de guerre coûteuses. En plus des sommes d’argent versées aux familles des kamikazes, et la prise en charge des dépenses de production de clips vidéo de propagande pour gagner la sympathie du public et attirer de nouveaux membres pour les recruter.

L’auteur a mentionné quatre types de financement du terrorisme en Afrique :

  1. Financement par le commerce et les activités rentables.
  2. Exploitation des ONG, des associations caritatives et des dons.
  3. Financement au moyen du trafic d’armes, d’avoirs et de la contrebande de devises.
  4. Financement par le trafic de drogue.
À y ajouter aussi la rançon obtenue suite à l’enlèvement d’étrangers. Par exemple : en avril 2013, Boko Haram a reçu une rançon de 3,15 millions de dollars des États-Unis, par la médiation de la France et du Cameroun afin de libérer une famille française de sept personnes kidnappées dans le nord du Cameroun. En plus, le groupe a pu libérer certains de ses membres détenus au Cameroun. Son leader Shekau, qui a personnellement mené les négociations, a insisté sur le fait que la rançon offerte n’était pas suffisante et que certains de ses hommes arrêtés devaient être libérés.

Deuxième partie: Objectifs stratégiques
Boko Haram a des objectifs stratégiques explicites, dont les plus importants sont :

Ciblage de l’armée et de la police
Le groupe s’est fixé comme priorité de cibler l’armée, les forces de sécurité et de police, et leurs actes terroristes ont également fait un grand nombre de victimes civiles.

En 2015, la brutalité de Boko Haram a dépassé Daech selon l’indice du terrorisme mondial. Boko Haram a tué 6 644 personnes en 2014, soit une augmentation de 317 % par rapport à l’année précédente. Alors que le terrorisme de Daech a entraîné la mort de 6 073 personnes dans la même année.

Ciblage des prisons
En 2009, les terroristes de Boko Haram ont réussi à libérer 150 prisonniers, devenus ensuite membres du groupe qui mène le combat contre le gouvernement et le peuple nigérians. La deuxième attaque du groupe a eu lieu en 2010 contre la prison de Bauchi, où le groupe a libéré 759 prisonniers, dont des combattants de premier plan. L’attaque a entraîné la mort d’un soldat, d’un policier, de deux gardiens de prison et d’un civil, et six personnes ont été blessées.

Cibler les bases militaires
Boko Haram considère l’armée nigériane comme son principal ennemi. En 2009, l’armée a détruit la mosquée Ibn Taymiyyah, et a arrêté son chef, Muhammad Yusuf, tué plus tard dans des circonstances mystérieuses. Lorsque le mouvement a renouvelé ses attaques en 2010 et a perpétré de nombreux attentats criminels, le gouvernement fédéral a estimé que les meurtres et le vandalisme étaient des actes criminels aveugles et ne les considérait pas comme une menace sérieuse pour la sécurité. Après le bombardement du bâtiment de la police et le siège des Nations Unies en août 2011, le gouvernement s’est rendu compte qu’il faisait face à un ennemi terroriste puissant et tenace.

Après une longue lutte avec Boko Haram, les autorités nigérianes ont réussi à gagner la bataille en récupérant tous les bâtiments qui avaient été investis par les terroristes. Aujourd’hui, Boko Haram ne possède aucune terre nigériane. Puisque le coût de la victoire est toujours trop élevé, le groupe a réussi à abattre un avion de combat, à arrêter son pilote, puis à le décapiter, et à diffuser un clip vidéo de l’exécution sur Internet.

Cibler les écoles et les étudiants
Selon le groupe, l’éducation occidentale est interdite et il faut l’éradiquer de ses racines et combattre ses institutions. Par conséquent, les écoles, avec leurs élèves et leurs enseignants, étaient des cibles pour les extrémistes. Au début du conflit, Shekau a juré d’éviter de cibler les élèves, mais en 2012, il a justifié les attaques contre les écoles primaires et secondaires, affirmant que les forces de sécurité gouvernementales christianisaient les enfants musulmans dans ces écoles.

Dans de nombreux cas, les rebelles de Boko Haram ont tué, brûlé, kidnappé et violé les étudiants. Parmi ces crimes en 2014, l’enlèvement de 276 filles du lycée gouvernemental de l’État de Borno. Mais la plus odieuse des attaques a été l’incendie en masse des cadavres des étudiants.

Les filles de Chibok kidnappées
Les établissements d’enseignement primaires, secondaires et supérieur sont une cible facile et efficace pour semer la panique parmi les citoyens et ternir l’image d’un gouvernement incapable de protéger sa population. C’est pourquoi les écoles ont été les cibles principales des attaques de Boko Haram. La plupart des écoles n’avaient pas de système d’alarme, ni de caméras de vidéosurveillance ni de serrures sur les portes. Shekau a affirmé que le groupe visait les écoles en représailles aux arrestations par le gouvernement fédéral d’enfants musulmans dans certaines écoles islamiques.

En avril 2014, alors que 219 filles se préparaient à l’examen de fin d’études, des terroristes de Boko Haram en uniforme ont amené plusieurs camions militaires à l’école, ont dit aux élèves qu’une attaque terroriste était imminente et qu’ils étaient venus les évacuer en lieu sûr. Les étudiantes ont été chargées dans des camions, et elles se sont retrouvées dans les camps du groupe. Deux semaines après l’enlèvement et la diffusion de la nouvelle dans les médias internationaux, il y a eu de nombreux rassemblements et manifestations au Nigeria et à l’étranger, ce qui a donné à la cause une dimension mondiale.

Boko Haram a remarqué l’insuffisances des mesures de sécurité et les a exploitées pour intimider les parents et les citoyens. De nombreuses écoles ont été bombardées et incendiées, et de nombreux étudiants ont été attaqués. Les autorités ont souvent ordonné la fermeture d’écoles par crainte d’éventuelles attaques de Boko Haram.

Les autorités nigérianes ont renforcé la sécurité des écoles dans la zone de conflit. Après l’enlèvement massif d’écolières dans la ville de Dapchi en février 2018, le président Muhammadu Buhari a ordonné à la police, aux responsables de la sécurité nigérians et au Corps de défense civile de protéger en permanence les écoles.

Ciblage des infrastructures
Boko Haram considérait les infrastructures comme un objectif important, ce qui conduit à une paralysie relative du pays. Il ciblait de nombreux quartiers généraux centraux, tels que le siège des Nations Unies, les palais princiers, les bâtiments gouvernementaux, les installations de communication et les centrales électriques. 

L’attentat suicide contre le bâtiment des Nations Unies dans la capitale, «Abuja», a confirmé la barbarie de Boko Haram et sa grande capacité de destruction. Il a fait 23 morts, dont un responsable dans le ministère fédéral de la Santé, et 68 blessés, la plupart avec des éclats de verre. L’accident a causé de gros dégâts aux étages inférieurs du bâtiment. Cet attentat était le premier acte suicide au Nigeria visant une organisation internationale, qui a eu un grand retentissement mondial.

Ensuite, Boko Haram a recruté des terroristes suicide partout au Nigeria, en utilisant des femmes et des filles même de 10 ans. Les Nations Unies ont reçu des menaces de Boko Haram et d’autres groupes qui ont fait l’objet de discussions sérieuses avec les autorités nigérianes, mais aucune mesure explicite n’a été prise pour protéger les victimes, notamment des partenaires humanitaires des Nations Unies et d’autres travailleurs.

Cibler les lieux de culte
Le peuple nigérian n’accepte pas d’être sous-estimé dans ses sentiments de foi, musulmane ou chrétienne. C’est pourquoi le groupe Boko Haram s’est efforcé d’exploiter l’identité religieuse et de répandre le mécontentement envers le gouvernement et l’autorité parmi les enfants musulmans, espérant que ce mécontentement déclencherait une étincelle qui conduirait à une guerre de religion dans le pays. Le groupe a ciblé les églises et les mosquées de manière barbare.

Par exemple, le bombardement de la mosquée centrale de Kano en 2014 a entraîné la mort de plus de deux cents musulmans et l’attaque de la mosquée Kodoga a tué plus de cinquante fidèles musulmans.

Il est vraiment difficile de comprendre comment certaines personnes sont convaincues de la légitimité de se faire exploser dans les lieux publics, notamment les lieux de culte, pour tuer des croyants ! Sous Muhammed Yusuf, l’objectif principal de Boko Haram était d’établir une loi islamique stricte dans l’État de Borno, puis la philosophie déclarée du mouvement est devenue le Djihad public lorsque Shekau a exigé que la charia soit appliquée strictement, même violemment.

Boko Haram a insisté sur le fait qu’il était dans une guerre sainte contre l’infidélité et la tyrannie, et contre tous les musulmans qui n’ont pas rejoint ses rangs ou soutenu sa foi. Il s’appuyait sur l’idéologie de Daech (martyre) qui dit : Le kamikaze ou le martyr immersif est garant d’une position élevée au Paradis, et qu’obtenir le martyre dans les rangs du groupe en défendant la religion de Dieu sur terre est le meilleur moyen pour assurer la victoire dans le plaisir de Dieu et rejoindre le plus haut paradis.

Boko Haram et le ciblage des églises
Boko Haram a mené de nombreuses attaques terroristes horribles contre des mosquées et des temples musulmans, mais a déclenché sa férocité inébranlable dans des attaques contre des églises et des temples chrétiens. Selon l’auteur, le groupe s’est appuyé sur certaines fausses allégations pour attaquer des églises dont les plus célèbres sont :

  1. Les églises sont des foyers d’occidentalisation : Boko Haram déteste tout ce qui a à voir avec l’Occident, et lui est très hostile. Par conséquent, il croyait qu’attaquer les églises saperait ce pilier principal de la civilisation occidentale envahissante et ouvrirait la voie à l’éducation islamique pour émerger et se répandre.
  2. Combattre la christianisation : Boko Haram considérait les églises comme un ennemi direct à cause des campagnes de christianisation qu’elle mène parmi les musulmans. De nombreuses églises fonctionnent comme de grandes institutions missionnaires au Nigeria, à travers les services sociaux,dont par exemple: les cliniques médicales gratuites et les installations pour distribuer de la nourriture et des vêtements. Ce qui amène les gens à s’y tourner vu leur pauvreté et leurs besoins.
  3. Facilité de cibler les églises : La plupart des églises sont situées dans des espaces publics ouverts, qui sont des cibles faciles pour n’importe qui.

Boko Haram vise donc à purifier le nord du Nigeria des chrétiens et des évangélistes, et d’établir une société purement musulmane. Chose étrange, le nord du Nigeria compte des millions de chrétiens autochtones, tout comme le sud du Nigeria qui compte des millions de musulmans autochtones. Cela rend l’objectif de Boko Haram inaccessible. Depuis 2015, le nombre d’attaques réussies contre des églises a diminué en raison de la sensibilisation accrue du clergé et des membres de l’église à prendre les précautions nécessaires et l’augmentation des mesures de sécurité de la part des autorités pour réduire ces risques.

Ciblage des responsables
Dès le début, Boko Haram a remis en question les croyances fondamentales de l’islam nigérian, a rejeté le règne du sultan de l’État de Sokoto, a tenté d’assassiner l’émir de Kano, Alhaji Ado Bayero, et a menacé de mort l’actuel émir, Alhaji Sanusi Lamido Sanusi. Il a même tenté d’assassiner le chef de l’État, Muhammad Bukhari.

Le groupe ciblait des princes, des chefs militaires à la retraite, des responsables politiques, des chefs de district (appelés rois au Nigeria), des membres du clergé, des journalistes et des spécialistes, même l’auteur de ce livre pour ses contributions médiatiques et écrits spécialisés sur Boko Haram. Le mouvement a réussi à assassiner de nombreux membres de la classe politique, des chefs de groupes et des religieux modérés. Ils ont réussi à tuer l’émir de la ville de « Quza », Hajj Idrissa Timta, lors d’une fusillade.

Après de longues années de conflit acharné avec le gouvernement nigérian, les terroristes ne contrôlent plus de vastes étendues de terres dans le nord du Nigeria. Ils ont eu recours à des tactiques de guérilla dont les effets perturbateurs, parfois importants, restent pourtant limités. L’auteur souligne que les élites politiques et les dirigeants d’entreprise en visite dans le Nord-Est devraient procéder à des évaluations détaillées des risques pour prévenir, réduire ou affaiblir le danger de Boko Haram. Ils doivent se rendre compte que les assassinats directs d’hommes d’État font toujours partie du paysage de la menace du groupe terroriste et que la sensibilisation à la sécurité de ces responsables est la clé de leur survie.

Troisième partie: Combattre le terrorisme
La lutte contre le terrorisme au Nigeria s’est manifestée dans directions principales suivantes :

La solution militaire
Pour contrer le danger et empêcher l’émergence de groupes extrémistes et de rébellions similaires à l’avenir, il importe de comprendre la grave menace du terrorisme au Nigeria et en Afrique de l’Ouest. L’auteur souligne qu’il y a eu suffisamment d’indices de la croissance de la menace terroriste au Nigeria depuis 2009, mais les autorités ont mal calculé et planifié. Lorsque le gouvernement a pris conscience du danger, Boko Haram avait pris le contrôle de vastes zones, causant de graves dommages à l’armée et à la population.

Oui, le gouvernement fédéral, au début du conflit, a mal compris la réalité de Boko Haram, il a donc laissé le soin de l’affronter à la seule police locale ! Ce qui a conduit au meurtre de nombreux policiers et à l’assassinat de membres du clergé chrétien, de prêtres et de musulmans. Des évasions massives de prisons avec l’aide du groupe ont également eu lieu. Malheureusement, le gouvernement de l’époque n’avait pas d’analystes politiques ni de service de renseignement solide. C’est pourquoi le gouvernement a ignoré la menace majeure, et le président a publié des déclarations rassurantes après chaque massacre et a promis que les auteurs seraient traduits en justice.

Au fil du temps, l’option militaire a assuré les victoires successives de l’armée nigériane, resserrant l’étau autour des terroristes et établissant la sécurité dans de nombreuses zones que le mouvement contrôlait auparavant. Cependant, le manque de professionnalisme et de compétence de l’armée et des policiers a conduit à de graves erreurs. Par exemple : lorsque l’armée a arrêté le premier chef de Boko Haram Muhammed Yusuf, l’a interrogé, puis l’a remis à la police, et il a été tué avant qu’il ne soit traduit en justice ! En outre, environ 700 membres de Boko Haram détenus dans des postes de police ont été tués sans jugement.

Après qu’Abu Bakr Chiako a rétracté son serment d’allégeance à Daech, Boko Haram s’est scindé en deux factions principales : la faction Abu Bakr Shekau, et la faction dite « État islamique en Afrique de l’Ouest » (ISWAP). Alors que Shekau continuait d’attaquer des cibles civiles et militaires dans le centre et le sud de Borno et dans le nord de l’État d’Adamawa, l’autre faction a pris le contrôle du nord de Borno, dans l’État de Yobe, et l’a basé sur la région du lac Tchad. Mais le monde a continué à considérer les deux factions comme Boko Haram, sans les distinguer.

Lorsque Boko Haram a déclaré la guerre au Nigeria, il était mieux armé que l’armée nigériane. Les forces nigérianes ont été obligées de se battre avec des balles périmées ! Il y a des témoignages d’un défaut dans les armes des soldats nigérians, qui les a fait se retrouver à de nombreuses reprises, sans défense face aux terroristes, sans armes même pour protéger leur vie.

Le nouveau gouvernement américain sous le président Trump était plus coopératif. En avril 2017, le président Trump a promis de vendre pour 600 millions de dollars d’avions de combat au Nigeria, qu’il a reçus en 2020. Armées d’équipements modernes et d’un leadership expérimenté, les forces nigérianes ont pu reconquérir tous les États locaux et les mettre sous leur contrôle, et les rebelles sont revenus à la guérilla. Cependant, la menace de Boko Haram existe toujours dans le nord-est, et il faut trouver de nouvelles façons de faire face à cette menace. On espère que l’armée augmentera ses capacités de renseignement pour mieux contrer les méthodes de guérilla de Boko Haram, et être prêt et équipé pour contrer toute menace terroriste à l’avenir.

Négocier pour gagner du temps
Le gouvernement nigérian a montré un modèle de comportement dans sa gestion de tous les conflits en utilisant la force de dissuasion. Cela conduit généralement à un apaisement temporaire du conflit tout en créant une commission d’enquête judiciaire formelle !

L’État a également adopté diverses expériences méthodologiques dans la résolution des conflits, y compris les programmes de négociations, d’amnistie et de réconciliation. Ce n’est pas nouveau, les négociations et l’amnistie ont été utilisées pour la première fois après la guerre civile nigériane (1967-1970), lorsque le gouvernement militaire fédéral sous Yakubu Gowon a annoncé le programme « ni vainqueur ni vaincu », et il a été habilement utilisé par le président Omar Musa Yar’Adua en 2009 pour mettre fin à la rébellion armée dans le delta du Niger, qui a paralysé et retardé l’exploration pétrolière, qui était le pilier de l’économie, pendant un certain temps.

Les négociations avec Boko Haram étaient semées d’embûches. L’administration de Jonathan a fait de grands efforts pour amener la paix, mais elle n’a pas réussi à négocier parce qu’Abu Bakr Shekau n’a jamais pensé à renoncer, ni à se repentir. Selon plusieurs observateurs, le gouvernement fédéral a agi à plusieurs reprises comme s’il était en mission pour apaiser les insurgés. L’auteur insiste sur la nécessité d’établir un programme de paix qui apporte un soutien aux négociations, et des programmes pour la paix et la tolérance parce que négocier sans un plan de paix clair n’empêchera pas un glissement facile vers la violence à l’avenir.

Shekau a prédit que le gouvernement adopterait l’option de négocier avec son groupe, et il était réticent à le faire. Les autorités ont vraiment essayé de lancer des appels au dialogue et à la négociation à ses principaux collaborateurs et combattants, essayant d’une manière ou d’une autre de l’isoler, de le capturer vivant ou de le tuer. Par exemple : en octobre 2018, l’un des principaux combattants de Shekau, était sur le point de se rendre au gouvernement fédéral avec 300 de ses combattants. Les dirigeants de Boko Haram l’ont arrêté et exécuté pour être un exemple pour tous ceux qui se supplient de se rendre ou de se soumettre aux autorités gouvernementales.

Internationalisation des conflits et aide​​​ internationale
La véritable violence armée du groupe Boko Haram a commencé en 2009, et la confrontation était directe entre l’armée nigériane et les combattants du groupe. Après l’assassinat du chef, Muhammad Yusuf, les responsables de la sécurité du gouvernement n’ont pas compris la réalité du groupe, que son adjoint, Abu Bakr Shekau, était toujours en vie, et que l’idéologie du groupe djihadiste est basée sur l’extrémisme et la haine. Il a traversé les frontières du Nigeria vers le Niger, le Tchad, le Cameroun et les pays voisins. Ainsi, le blessé Shekau a fui vers le Niger après la défaite de Boko Haram, échappant à la police militaire.

Bien que le conflit avec Boko Haram ait été au départ régional plutôt que national, les analystes du renseignement nigérian ignorent la capacité transfrontalière du groupe.

En avril 2010, Shekau a publié une vidéo se présentant comme le nouveau chef du LIFG, jurant de venger le meurtre de Muhammad Yusuf et des membres de leur groupe. Indépendamment de la situation géographique du terrorisme dans la région du bassin du lac Tchad qui relie quatre pays, les opérations de Boko Haram ont fourni d’autres indications précoces qu’il souhaite un caractère international au conflit. Par exemple:

  • Le 12 mai 2011, le citoyen britannique « Chris McManus » et l’italien « Franco Lamolinara » ont été enlevés dans l’État de Kebbi, par le groupe dissident Ansar Boko Haram. Chris a ensuite été tué par ses ravisseurs à Sokoto lors d’une tentative de sauvetage ratée par le British Special Boat Service, le ministère des Services gouvernementaux et l’armée nigériane.
  • Le 26 août 2011, le siège des Nations Unies a été attaqué, tuant 23 personnes et en blessant plus d’une centaine.
  • ​En janvier 2012, l’ingénieur allemand « Edgar Fritz Raubach » a été kidnappé à Kano, par des partisans du mouvement, puis tué en mai.
  • Le 21 juin 2012, le département d’État américain a placé le leader du mouvement, « Abu Bakr Shekau », « Adam Kambara » et « Khaled al-Barnawi », le leader du groupe Ansar, sur la liste noire du terrorisme .
Au début du conflit entre 2009 et 2011, le problème était une affaire locale, et les forces nationales étaient chargées de dissuader les extrémistes, mais l’attaque contre le siège des Nations Unies a changé la donne. Les bombes utilisées n’étaient pas artisanales, la cible choisie, l’arme utilisée, la manière dont les munitions ont été livrées à la cible et la déclaration du groupe selon laquelle il ciblait délibérément les travailleurs humanitaires, tout cela montrait que le conflit était une guerre transfrontalière.

Le gouvernement américain et d’autres pays occidentaux ont refusé de considérer le terrorisme de Boko Haram comme un problème interne au Nigéria. Les services de renseignement américains ont vu Boko Haram comme une menace internationale capable de mener des attaques meurtrières sophistiquées en dehors du Nigéria (Cameroun, Tchad et Niger). Le président Muhammadu Buhari était plus ouvert à l’aide militaire et humanitaire internationale lorsqu’il a commencé sa présidence en visitant les voisins du Niger dans le but de créer des alliances solides pour contrer les insurgés extrémistes et les combattants terroristes. Des voisins ont rejoint cette campagne avec le soutien du gouvernement français, et la campagne militaire s’est bien déroulée dans l’intérêt du Nigeria et de ses alliés, jusqu’à ce que le groupe Boko Haram soit relativement éliminé.

En plus de l’assistance militaire, un autre aspect de l’assistance internationale fournie par les États-Unis est la radio et la télévision par satellite diffusées 24 heures sur 24 dans le nord du Nigeria pour contrer le militantisme extrémiste. Le coût de financement de la chaîne de télévision par le Bureau américain de lutte contre le terrorisme était d’environ 6 millions de dollars.

Formation militaire et renseignement
En décembre 2014, le gouvernement nigérian a mis fin à la formation continue du personnel militaire nigérian dans le cadre du programme américain d’assistance contre le terrorisme au Nigéria. Environ 600 soldats nigérians ont bénéficié de la formation anti-insurrectionnelle avant qu’elle ne soit interrompue. Le porte-parole militaire nigérian, le major-général Chris Olukolad, a clairement indiqué qu’il s’agissait d’une entreprise stratégique intéressante.

En septembre 2016, une équipe de formateurs du FBI sur les scènes de crime dirigée par Michael Trubenback a dispensé une formation aux enquêteurs nigérians sur les bombes de la police nigériane, de l’armée nigériane, de la marine nigériane, de l’armée de l’air nigériane et du Bureau des forces armées nationales. Cette formation était l’un des plans pour les aider à enquêter sur la scène post-explosive, les moyens de connaître les engins explosifs improvisés, la manière de recueillir des preuves et d’autres questions importantes.

L’auteur reconnaît l’héroïsme et les sacrifices consentis par les forces de sécurité et exhorte l’élite politique à éviter la politisation, la dissuasion psychologique et les faux récits qui ont conduit à l’émergence de Boko Haram auparavant. Pour lutter contre le terrorisme de ce groupe, le gouvernement nigérian doit établir une infrastructure de renseignement moderne et robuste, qui permet aux responsables de la sécurité de connaître les plans et complots terroristes avant qu’ils ne se produisent. L’incapacité des services secrets nigérians à pénétrer dans Boko Haram est apparue auparavant, et elle n’a pas été en mesure de collecter des informations utiles pour l’armée, et elle ne s’est développée qu’au début de 2015.

Processus de déradicalisation
Les autorités ont tenté de faire la différence entre les dirigeants et les idéologues qui ont versé le sang nigérian et les combattants et partisans qui ont rejoint le mouvement sous la contrainte ou la tentation de subir un lavage de cerveau. Tandis que des punitions sévères étaient infligées au premier parti, les membres du second parti étaient graciés, surtout certains des jeunes combattants qui ont été trompés et autorisés à reprendre leur vie.

Le gouvernement nigérian actuel a entamé un programme de réconciliation et de révisions intellectuelles avec les combattants de Boko Haram dans les prisons, et ceux qui ont manifesté leur intention sincère d’abandonner les idées extrémistes et leur désir sincère de réinsertion pacifique dans la société ont été libérés.

L’auteur souligne que ces programmes devraient contourner les emprisonnés et se généraliser aux familles et aux jeunes musulmans des zones favorables à l’idéologie de Boko Haram, ou à celles qui étaient auparavant sous la domination du groupe. La structure d’incubateur du terrorisme existe, et la corruption, l’oppression, la pauvreté et d’autres maladies sociétales que Boko Haram prétendait lutter pour leur salut subsistent. L’écrivain affirme que l’injustice dans de nombreux domaines a conduit les gens à devenir mécontents de l’État et à sympathiser avec le groupe Boko Haram et avec tous ceux qui combattent l’État, ce qui a facilité le processus de recrutement.

Éducation et perspicacité
L’un des moyens les plus importants de lutter contre le terrorisme est peut-être l’investissement du gouvernement dans l’éducation des enfants et des jeunes nigérians. Il a été prouvé que les garçons et les jeunes hommes suicidaires qui ont rejoint le groupe Boko Haram n’étaient pas éduqués, et l’UNICEF a signalé que le Nigéria a le plus grand nombre d’enfants qui n’ont reçu aucune éducation dans le monde, en particulier les enfants de la région musulmane du nord-est dominée par Boko Haram.

L’extrémisme reste un problème complexe qui implique la radicalisation et le sectarisme, le terrorisme suicide et la rébellion contre le statu quo. Le groupe Boko Haram est similaire à Daech, car il ne se bat pas pour construire la société, mais pour tout détruire et dominer son idéologie idéologique extrémiste qui adopte l’usage de la violence comme moyen d’atteindre ses buts et objectifs. C’est pourquoi on peut dire que le terrorisme, avant d’être un problème idéologique, est un phénomène social complexe, et c’est la raison pour laquelle le Nigeria a échoué au début, car le gouvernement nigérian a préféré une solution militaire, et a ignoré d’autres solutions à la crise, sans doute plus abouties et plus ambitieuses.
voice Order

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Numéro 33
Une publication mensuelle, qui propose une revue scientifique des ouvrages et des études remarquables traitant du terrorisme
03/01/2022 14:32