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26/06/2022

Ce livre examine les efforts du Conseil de sécurité dans la lutte contre le terrorisme, les méthodes utilisées pour éliminer extrémisme et terrorisme qui menacent la paix et la sécurité mondiales et dans quelle mesure les actions du Conseil ont réussi à endiguer ce phénomène et les conséquences qui en découlent.

L'écrivaine Alice Martini critique la définition du terrorisme par le Conseil de Sécurité, présentée dans la première décennie du XXIème Siècle, traduisant la profondeur de l'hégémonie mondiale des grandes puissances, et les rapports de force qui gèrent la communauté internationale. Le livre cherche à mettre en évidence les efforts déployés par la communauté internationale, à travers l'action  des Nations Unies et de ses comités, passant en revue sa structure dans une vision analytique détaillée, depuis le milieu du XXème Siècle, en plus des pouvoirs, des décisions et des développements survenus depuis la première décennie du XXIème Siècle. D'où la vision selon laquelle le Conseil de Sécurité mène sa guerre contre le terrorisme, dans le cadre d'un projet international global.

Aperçu

Ce livre est une référence importante pour les chercheurs et les professionnels des études critiques du terrorisme, de sécurité, de la gouvernance mondiale et des relations internationales. Le livre fournit un compte rendu détaillé et une analyse des résolutions juridiques, émises par les Nations Unies, relatives à la lutte contre le terrorisme, et présente une lecture critique de ces décisions et de leur approche cognitive, tout en s'interrogeant sur la contribution réelle du Conseil à la lutte contre le terrorisme et sur les défis auxquels il est confronté.

Le 12 septembre 2001, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a convoqué une réunion d'urgence pour discuter des attentats qui ont visé le World Trade Center et le Pentagone aux ةtats-Unis d'Amérique, ayant occasionné la mort d'environ 3000 personnes de 80 pays. Le Conseil a annoncé alors son intention de prendre tous les moyens possibles pour combattre les menaces contre la paix et la sécurité, et la volonté des ةtats Membres de prendre des mesures plus strictes pour contrer les attentats terroristes. Les membres ont signé un mémorandum officiel contenant toutes les décisions convenues dans cette affaire.

Deux mois après la signature du mémorandum, le 12 novembre 2001, le Conseil de Sécurité se réunit à nouveau pour déclarer, conformément à la Charte des Nations Unies, que le nouveau terrorisme mondial est l'une des menaces existentielles les plus dangereuses du XXIème Siècle, soulignant son rejet sans équivoque de tous les actes terroristes partout dans le monde, quels que soient les mobiles et les auteurs de ces actes. Ce fut le début de la lutte mondiale menée par le Conseil de Sécurité contre le terrorisme.

Le 24 septembre 2014, le Conseil a, une fois de plus, renouvelé son engagement à «déployer des efforts globaux pour combattre ce fléau au niveau mondial», avertissant que le terrorisme demeure une grave menace pour la paix et la sécurité internationales. Il a exprimé sa profonde préoccupation face aux crimes terroristes devenus plus sanglants et brutaux, en particulier avec l'exacerbation des crises et des guerres civiles dans diverses régions du monde, dont les crimes provoqués par le fanatisme, l'extrémisme, la discrimination et les conflits ethniques religieux et tribaux. Le Conseil a souligné la nécessité pour les grands ةtats de coopérer dans la lutte contre tous les types d'extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme, en contrôlant l'extrémisme idéologique et les tentatives d'attirer et de recruter des individus dans des groupes terroristes, et en renforçant les efforts conjoints et sérieux dans ce domaine.

L'organe de l'ONU a exprimé son rejet catégorique des activités du groupe terroriste «Daech» et d'Al-Qaïda, a mis en garde contre leurs actes criminels répétés, et exprimé sa profonde préoccupation face à la propagation de l'idéologie extrémiste et violente dans différentes parties du monde et l'augmentation du nombre de sympathisants de ces organisations. Daech a réussi à attirer des dizaines de milliers de jeunes d'Europe, d'Amérique et de pays arabes et à les intégrer dans ses rangs. Le Conseil de Sécurité a condamné toute forme de soutien apporté à ces organisations et aux terroristes en général, que ce soit par des individus, des groupes ou des ةtats.

Ces prises de position et ces décisions sérieuses témoignent de la manière dont le Conseil de Sécurité a traité le phénomène et son engagement dans la lutte contre le terrorisme depuis plus de deux décennies. L'auteure estime que la raison de l'intérêt de la communauté internationale pour la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent réside dans le fait qu'il s'agit de la plus grande menace à la paix et à la sécurité internationales. Il symbolise l'engagement continu du Conseil à combattre, par tous les moyens, cette menace mondiale.

Les positions et déclarations officielles de l'ONU révèlent bon nombre des forces qui ont contribué à la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent, avec la nécessité de mettre l'accent sur plusieurs groupes, tels que: Daech, Al-Qaïda, les Shebabs et Boko Haram et la nécessité de freiner les activités de ces groupes au Moyen-Orient et en Afrique, et de les empêcher de lancer des attaques ailleurs, ou de chercher à recruter des jeunes de différents pays du monde. Les déclarations du Conseil de Sécurité confirment que les groupes terroristes sont devenus plus actifs et plus dangereux ces dernières années, que la guerre mondiale contre le terrorisme n'est pas terminée, et que le terrorisme est toujours une question urgente sur la table du Conseil, ce qui nécessite la coopération de tous les ةtats pour le combattre et l'éradiquer.

Les résolutions du Conseil de Sécurité sont devenues le catalyseur de la lutte contre le terrorisme et donné une légitimité internationale aux mesures de lutte contre le fléau. L'action du Conseil reflète l'évolution des interactions mondiales dans la lutte contre le terrorisme au fil des ans. Depuis deux décennies, les actes de terrorisme mondial demeurent la plus grande menace à la paix et à la sécurité internationales, et le Conseil de Sécurité continue de développer ses capacités pour relever les défis contemporains et futurs du terrorisme.

Contenu du livre

Le livre se compose de six chapitres qui retracent une carte spécialisée et fournissent une étude approfondie de la manière dont le Conseil de Sécurité traite le problème de l'extrémisme et la guerre contre le terrorisme. L'auteure s'appuie sur une étude structurelle soucieuse de comprendre et d'analyser le sujet dans sa globalité. Elle insiste sur le fait que le discours sur le terrorisme est polyvalent, c'est-à-dire qu'il recouvre nombre de domaines variés de la vie sociale, politique et juridique. Ainsi, des mouvements, tels que l'Armée républicaine irlandaise sont pour certains pays des groupes terroristes, mais d'autres pays les considèrent comme des mouvements de libération ou de résistance.

Le premier chapitre propose une compréhension théorique des discours officiels sur le terrorisme et examine la création d'identités et de rapports de force fiables qui impactent la communauté internationale. Il s'agit de bases pour la compréhension de cette communauté et la codification des discours et des pratiques antiterroristes, ce que l'auteure appelle «le système mondial de lutte contre le terrorisme», soulignant l'importance d'enraciner les concepts et la terminologie de cette bataille car ces lois ou décisions sont prises conformément aux interactions de grandes puissances qui composent et contrôlent la communauté internationale et le Conseil de Sécurité.

Le deuxième chapitre retrace les méthodes adoptées par la communauté internationale dans sa guerre contre le terrorisme, les changements mondiaux affectant la perception de la communauté internationale des menaces terroristes et l'historique des efforts du Conseil pour combattre ces menaces, à la lumière de cette relation réciproque fondamentale entre la nature du terrorisme et la perception officielle de celui-ci, et la bataille mondiale qui en résulte. Le chapitre décrit les rapports de force au sein de la communauté internationale et clarifie les options sociales, historiques et politiques du Conseil, ainsi que l'impact des conflits et des désaccords politiques sur la perception du terrorisme par les ةtats, dépendant strictement des relations de pouvoir (engendrées) dans l'environnement international.

Dans le troisième chapitre, l'auteure évoque le développement de la guerre contre le terrorisme, menée par le Conseil de sécurité, l'émergence du nouvel ordre mondial dans la première décennie du XXIème Siècle, le développement de ce système, l'étendue de sa performance face à ce phénomène destructeur, les conditions nécessaires à son succès, et l'interprétation que fait le Conseil de sécurité des attentats du 11 septembre 2001. L'auteure évoque les changements ayant résulté de l'influence que pratique cet organe onusien. Le chapitre traite également de la relation entre la nouvelle menace du terrorisme international et la conception symbolique de la violence politique, ou en d'autres termes la violence perpétrée par les militants non gouvernementaux, s'appuyant sur une idéologie spécifique, qui n'est pas toujours classée dans la catégorie du terrorisme. Le livre affirme que ce type de violence surgit en raison des relations des superpuissances qui impactent la communauté internationale et les équilibres en résultant.

Dans le quatrième chapitre, l'auteur aborde les principaux concepts admis du terrorisme, les politiques officielles du Conseil de sécurité, en tant que représentant de la communauté internationale, la constitution commune qui régit les ةtats Membres et la composition ultérieure de l'organisme international contre le terrorisme. La première partie du quatrième chapitre traite des caractéristiques rhétoriques de la menace terroriste, du contenu de violence que prône ce discours, ce qui constitue un défi aux puissances mondiales, et des moyens appropriés pour éviter de politiser et diaboliser les décisions et lois onusiennes. La deuxième partie du chapitre traite des forces qui ont influencé la formation de la communauté internationale et les raisons ayant conduit à cette formation,.

Quant au cinquième chapitre, il décrit la dernière étape du développement du Conseil de sécurité, à la lumière des défis du XXIème Siècle, et la façon dont il fait face aux nouvelles crises sécuritaires, dont l'émergence de Daech en Irak et en Syrie, sa déclaration du prétendu califat, l'afflux de combattants étrangers, leur adhésion à l'organisation, et l'impact de ces événements sur la façon dont le Conseil interagit pour dresser des politiques et des plans pour prévenir l'intégrisme et l'extrémisme dans le monde. Le chapitre examine les changements en cours dans l'ordre mondial, les répercussions politiques de l'élaboration de nouvelles pratiques pour lutter contre le terrorisme et prévenir le terrorisme et l'extrémisme, et analyse les rapports de force gérant la communauté internationale.

Le sixième chapitre aborde les conflits politiques relatifs au concept de terrorisme, et comment certains conflits proviennent des vicissitudes de la compréhension du terrorisme dans la communauté internationale, en particulier suite aux événements du 11 septembre. Le chapitre montre la contradiction dans la définition et la compréhension du terrorisme, et la possibilité de créer un système mondial unifié pour le combattre, sans consensus international sur une définition claire et précise de la nature de cette menace.

Il est possible de dire que le livre fournit une compréhension nouvelle et complète des menaces terroristes et la manière avec laquelle le système mondial traite avec la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme, aux niveaux interne et externe des ةtats. L'écrivaine souligne l'importance de veiller à l'aspect sécuritaire dans tous les domaines concernés par la lutte contre le terrorisme, et conclut par une lecture de l'évolution historique du Conseil de Sécurité et le mouvement affectant toutes les étapes de développement de sa lutte.

Lectures structurelles de la menace

La première tâche de ce livre est de montrer le développement de la bataille internationale menée par le Conseil de sécurité contre les organisations extrémistes, le terrorisme et ses partisans, pendant près de 20 ans, du début du siècle actuel jusqu'à 2019. L'ouvrage retrace cette évolution selon une approche chronologique précise, soucieuse des contributions des grands ةtats de la communauté internationale, qui légitiment le Conseil de sécurité pour lutter contre le terrorisme à grande échelle, sans pour autant aboutir à un accord complet sur certains de ses aspects (définition, sanctions, priorités, étapes, moyens).

Depuis la fin des années 90 du XXème Siècle et le début de ce siècle, la communauté internationale s'est mise d'accord pour affronter un ennemi commun, qui n'avait ni structure claire ni définition précise, mais un nom vague (terrorisme). ہ cette époque, la communauté internationale n'était pas en mesure de dresser un portrait clair et précis de cet ennemi, ni de s'accorder sur une politique unique pour le combattre, ni de faire la distinction entre les actes terroristes auxquels il faut faire face de manière décisive, et les actes hostiles qu'on ne peut pas lui imputer. Par conséquent, le livre tente de décortiquer la compréhension du terrorisme par le Conseil de Sécurité, en focalisant sur les relations mondiales percutantes dans ce domaine, puis en faisant la distinction entre le terrorisme et les résolutions contraignantes d'une part, et les intérêts de la communauté internationale qui combat le terrorisme d'autre part. L'auteure affirme que le développement, la poursuite et la modification de la guerre mondiale du Conseil contre le terrorisme dépendent des relations d'hégémonie mondiale.

Pour illustrer ces développements, le livre adopte un point de vue spécifique sur la réalité généralement associée aux compréhensions structurelles et post-structurelles de l'étude du terrorisme, en prêtant attention aux aspects critiques de la sécurité et du terrorisme dans les relations internationales.

Le structuralisme est une méthode de recherche utilisée dans plusieurs disciplines scientifiques, se basant sur l'étude des interrelations entre les éléments de base qui composent les structures pouvant être abstraites et mentales, linguistiques, sociales ou culturelles. Le structuralisme use d'un ensemble de théories appliquées dans différentes sciences et domaines, qui s'accordent toutes à ce que les relations structurelles entre les termes diffèrent selon la langue ou la culture, et que ces relations structurelles entre composants et conventions peuvent être révélées et étudiées. Le structuralisme est une approche interdisciplinaire (académique) qui explore les relations internes des éléments de base de la langue, de la littérature et de différents domaines de la culture.

Il est également défini comme un système composé de différents éléments, et que toute transformation dans l'un de ces éléments engendre une transformation dans les autres éléments. Il encadre de même socialement et comportementalement les thèmes, les concepts, les objets et les comportements interprétatifs. Il permet aussi d'examiner les études sur le terrorisme, en tant que constructions sociales, fondées sur les perceptions, les interprétations et les représentations des acteurs à propos des menaces auxquelles ils sont confrontés. L'auteure tente de clarifier l'ambiguïté entourant l'étude du terrorisme, qui semble parfois objective, tout en veillant aux aspects critiques de la sécurité et du terrorisme dans les relations internationales.

Dans leur analyse du terrorisme international, les chercheurs en structuralisme s'intéressent aux processus historiques qui construisent les normes, les idées et les valeurs, et tentent de comprendre les perceptions de ces menaces. Dans son étude du modus operandi des structuralistes, et comment ils expliquent le concept de sécurité, l'auteure souligne qu'ils ont insisté sur son aspect subjectif et sa nature, historiquement et politiquement. Ainsi, l'académicien et politologue américain Kenneth Waltz souligne l'importance du structuralisme et son impact sur le comportement des ةtats et ses réponses sécuritaires en politique internationale. L'auteure ne traite pas du terrorisme comme un phénomène indépendant, mais plutôt comme une forme de violence politique selon un mode particulier d'appréhension et d'interprétation, précisant que ce que certains ةtats considèrent comme un terrorisme dangereux qu'il faut combattre et éliminer, d'autres ةtats y voient une sorte de crime ou d'insurrection politique ne méritant pas le statut de terrorisme. La conception du terrorisme demeure donc liée à des causes historiques, sociales et politiques, et dépend souvent de discours et de savoirs politisés.

Le livre s'appuie sur diverses études et lectures du terrorisme, dégageant trois éléments de base pour comprendre ce phénomène:

  1. L'élaboration rhétorique du terrorisme par le Conseil de Sécurité et la communauté internationale. L'auteure explique comment la violence est représentée, son degré d'évolution ces dernières années et l'impact des politiques proactives de lutte contre le terrorisme, conduisant à l'émergence de pratiques reproduisant les discours de terrorisme.
  2. Les pratiques internationales antiterrorisme au sein du Conseil, établir des organes officiels et promulguer une législation dissuasive pour faire face au terrorisme. Une partie du livre examine les discours officiels des ةtats, les croyances intellectuelles et les pratiques comportementales qui contribuent à combattre ce phénomène.
  3. L'identité et le statut de la communauté internationale dans la première décennie du XXIème Siècle, et les conditions établies pour parvenir à la stabilité et faire face à la violence des groupes extrémistes, en particulier en ce qui concerne les croyances et les idées.

Menaces générales

Il est impérieux pour connaître l'importance de ce livre dans les relations internationales et les études de sécurité internationale, de mentionner la structure des questions centrales relatives aux relations internationales au XXIème Siècle, ayant suscité des craintes similaires à celles qui ont suivi les événements de la Première et de la Deuxième Guerres Mondiales, et ramené l'attention sur l'importance centrale des questions de guerre et de paix. Ainsi, la réalité politique de la guerre froide a fait de l'espace un moyen d'équilibrer les forces dans le monde bipolaire de l'époque. Les efforts des superpuissances à cette époque se sont concentrés sur la dissuasion nucléaire, les réponses militaires et les mouvements stratégiques, visant à maintenir l'équilibre international et la paix, ce qui a poussé le Professeur de Sciences Politiques dans les universités de Harvard et de Chicago Stephen Walt à définir les études de sécurité internationale comme «l'étude de la menace globale à l'équilibre international et le recours à la force militaire pour imposer la paix».

Dans un passé récent, les études sur la sécurité internationale ou les relations internationales, ont adopté une approche objective de la paix et de la sécurité. Le concept de sécurité s'est limité à l'absence de menaces directes contre l'ةtat. Ce concept explique deux choses. Primo: La question de sécurité reste limitée à l'ةtat souverain et responsable de ses citoyens et à ses institutions; secundo: Les menaces sont des phénomènes existants, différents des interprétations logiques de la réalité. L'auteure qualifie cette perception d'objective. La lutte contre toute menace contre l'ةtat est une conséquence objective de l'état existentiel de la menace. Cette lecture a changé dans les années 1990, après l'effondrement de l'Union soviétique. Les experts n'ont pas réussi à anticiper cet effondrement, à considérer les nouveaux défis soulevés comme des questions existentielles et à réagir à cette crise, provoquant une confusion temporaire dans la politique et les relations internationales.

Aujourd'hui, les nouveaux défis internationaux et les mouvements actifs dans divers domaines, tels que le changement climatique ou l'instabilité financière internationale, sont interprétés comme de nouveaux problèmes de sécurité qui remettent en question les concepts militaires et stratégiques et relèvent de la nouvelle terminologie des études sur le terrorisme. Ces mouvements ont fait émerger de nouvelles conceptions du monde. Ainsi, certains chercheurs tel le politologue et l'historien Barry Buzan ont mis en lumière la nature subjective de la sécurité, soulignant qu'il s'agit d'un concept contesté et multiforme.

Qu'est-ce que le terrorisme et la sécurité?

Les éléments intellectuels sont des moyens importants pour établir les concepts physiques de la réalité. L'auteure souligne que notre compréhension et perception du terrorisme et la performance des acteurs s'influencent mutuellement et ne permettent pas de produire une définition claire et consensuelle du terrorisme. Les définitions du terrorisme et les lois qui s'y rapportent sont influencées par les intérêts, les visions, les priorités et les alliances des ةtats. Par conséquent, le terrorisme n'est pas pensé comme un phénomène stable mais plutôt comme une construction sociale. C'est une désignation linguistique qui reproduit une interprétation spécifique de la violence sur des bases idéologiques, telles que la perception, les identités et les croyances. Et puisque les acteurs et influenceurs sont liés à ces éléments, ils contribuent en quelque sorte à faire et à comprendre le terrorisme, ce qui indique que les différentes définitions du terrorisme renvoient aux diverses significations attribuées à la violence religieuse, politique ou sociale, et font que les acteurs contrôlent les politiques, plans et stratégies adoptés par les ةtats dans leur lutte contre le terrorisme. Plus important encore, notre compréhension dépend des explications politiques, historiques et sociales potentielles de la violence. L'auteure souligne l'impact critique du langage et du discours officiel sur l'émergence des menaces, la construction de la violence sous toutes ses formes et sa transformation en menace existentielle.

Cette transformation jette les bases du suivi par les chercheurs structuralistes, post-structuralistes et critiques de la sécurité internationale et du terrorisme, ainsi que de la construction sociale de la réalité. Ces nouvelles lectures ont conduit à la mise en place de disciplines critiques de sécurité et des ةtudes Complexes du Terrorisme (ECT). Le livre cherche à déconstruire les discours et les pratiques de sécurité à partir de différentes abstractions disciplinaires et politiques.

Études critiques sur le terrorisme

Les études critiques du terrorisme indiquent que le terrorisme est une construction sociale, et que le processus de classification du phénomène terroriste en tant que tel s'appuie sur des structures pyramidales agréées par l'ةtat. Les spécialistes des études complexes sur le terrorisme dénoncent la force sous-jacente qui dicte une conception unilatérale du terrorisme servant les intérêts de certains ةtats et leur domination dans le domaine des études sur le terrorisme, ce qui conduit à des violences symboliques envers les pays en voie de développement ou non influents et à des inégalités entre ces pays et les superpuissances.

En théorie, les études de sécurité se subdivisent en trois sections, selon trois écoles principales: L'école de Copenhague, l'école d'Aberystwyth et l'école de Paris. L'écrivaine utilise toutes ces écoles, mais elle accorde une grande importance à l'école structurale de Copenhague dirigée par de grands érudits, tels que Barry Buzan et Ole Weaver Professeur de Relations Internationales à la Section des Sciences Politiques, de l'Université de Copenhague. L'auteure et d'autres chercheurs pensent que la sécurité est un processus auto-discursif qui transcende le domaine de la politique et de la criminalité, se retrouvant sous un aspect exceptionnel que l'auteur nomme «sécurisation». Elle définit la documentation de sécurité comme un processus discursif, concerné par un phénomène politisé de société, qui en fait une menace existentielle pour l'ةtat, et le premier et dernier enjeu pour les décideurs.

Le livre confirme que la sécurité est un processus subjectif affecté par notre compréhension de l'identité et de la menace qui découle de certaines identités à l'intérieur ou à l'extérieur de la société. Ce phénomène se base sur la perception par la société d'une menace imaginée se basant sur son identité, ses valeurs, sa culture et son histoire. La société reproduit donc la perception que l'ةtat a de ces menaces, affirmant qu'elles mettent en péril sa survie et sa légitimité. En conséquence, le terroriste et la communauté demeurent des éléments clés de la conception sécuritaire des citoyens. Le premier mène l'opération terroriste qui menace la sécurité des citoyens et le second (la société) constitue l'espace politique d'affrontement, c'est-à-dire le lieu d'acceptation ou de refus de la perception adoptée par l'ةtat. Ainsi, se forme la compréhension collective de la sécurité contrôlée par les institutions officielles, telles que les médias, les Universités, les Centres de recherche et les porte-parole officiels. Une fois que la société a adopté la vision de l'ةtat et accepté son interprétation des événements, il sera facile d'imposer de nouvelles politiques et des lois strictes restreignant les libertés de mouvement et d'expression, sous prétexte de lutter contre le terrorisme et de protéger les citoyens.

Les études critiques du terrorisme s'appuient sur les études de sécurité qui s'intéressent à ce phénomène et se fixent pour objectifs de combler le déficit de ces études, et de les relier à des visions structurelles critiques. Les spécialistes des études critiques du terrorisme estiment que le terrorisme doit être compris comme une construction urgente sociale, politique et historique, appliquée à des types spécifiques de violence et selon un ensemble d'interprétations politiques, juridiques et disciplinaires.

L'auteure montre que les études récentes sur le terrorisme démontent le discours lié à ce phénomène, arguant que sa présence est au cœur de la légitimation des mesures antiterroristes, de l'imposition de lois d'urgence et de mesures strictes

Suivant l'approche de re-compréhension de l'école de Copenhague, certains chercheurs qualifient le terrorisme de pratiques, accordant plus d'attention à la «violence politique» et à tout ce qui a un impact direct sur les individus, les ةtats, les régions, les races, les ethnies et les religions. L'auteure appelle le Conseil de sécurité à bénéficier des différentes écoles de pensée, permettant aux organes officiels et aux experts d'examiner les problèmes de dénomination du terrorisme, d'y répondre et de traiter avec le terrorisme sans en faire un outil pour contrôler les peuples.

Conseil de sécurité et lutte contre le terrorisme

Les organisations terroristes Daech, Al-Qaïda et ses affiliés demeurent un défi majeur pour de nombreux pays du monde, ce qui nécessite des efforts concertés de la communauté internationale pour leur faire face.

Sans aucun doute, l'ONU est l'organisation internationale la plus importante qualifiée pour cette mission, car il s'agit d'un organe international, politique et juridique, qui confère la légitimité à ses Membres, issus de tous les ةtats reconnus, pour discuter des problèmes communs et des solutions appropriées à leur sujet. Les critiques abondent sur la façon dont les Nations Unies gèrent des questions cruciales, telles que le réchauffement climatique et les conflits en Syrie et au Yémen. Le Document fondateur de la Charte des Nations Unies confère à l'Organisation internationale une compétence mondiale pour promouvoir la paix, la sécurité et le développement dans le monde. Cette autorité internationale jouit d'un statut particulier en droit international qui la rend juridiquement supérieure en cas de conflit avec les lois nationales ou régionales, ce qui affirme le pouvoir des Nations Unies à l'échelle mondiale.

L'ONU a trois principaux organes:

Le Secrétariat Général, l'Assemblée Générale et le Conseil de Sécurité. Ce dernier est l'organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Il a le pouvoir de constater l'existence d'une menace à la paix et à la sécurité, et demander aux ةtats parties au conflit de le régler par des moyens pacifiques. Il peut imposer des sanctions, pouvant aller jusqu'au recours à la force pour maintenir la paix et la sécurité internationales.

Les pays considèrent le Conseil de sécurité comme le superviseur de la sécurité mondiale, ce qui en a fait un centre de lutte contre le terrorisme dans le monde entier. Le Conseil de sécurité a le pouvoir de créer des comités et de publier des résolutions internationales contraignantes, telles que les déclarations et les décisions présidentielles. Les déclarations présidentielles sont des déclarations formelles que le président fait au nom de l'ensemble du corps. Les résolutions sont l'expression officielle et légale de la volonté des membres du Conseil de sécurité. Elles sont approuvées par vote, et sont généralement de nature directive. Elles deviennent des obligations standard pour les ةtats, si elles sont placées sous le Chapitre VII de la Charte du Conseil de sécurité.

Le Conseil représente tous les ةtats Membres qui acceptent les résolutions des Nations Unies et s'engagent à appliquer ses lois. Il est présidé par l'un de ses Membres, qui décide des questions inscrites à l'ordre du jour du Conseil. L'organisme est composé de 15 ةtats Membres, dont cinq sont des Membres permanents: La Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis. L'Assemblée Générale élit dix Membres pour un mandat de deux ans. Les Membres permanents ont le Droit de Veto, ce qui leur permet d'empêcher l'adoption de lois qui ne sont pas d'accord avec leurs visions, politiques et intérêts. Le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies permet d'identifier les problèmes qui menacent la paix et la sécurité internationales et de décider des procédures qui doivent être adoptées pour faire face à ces menaces. L'appartenance au Conseil de sécurité n'implique pas le pouvoir d'accorder ou de refuser le consentement à des actes de violence, ou d'arrêter des actions destinées à contrer ces menaces. Mais elle accorde une autorité spécifique pour prendre des décisions contraignantes au nom d'autres pays. Le Conseil permet la participation à ses réunions, sans donner le droit de vote aux ةtats Membres dans deux cas: Si l'ةtat fait partie d'un différend sous considération, ou si la question discutée dans l'organe revêt une importance particulière.

Cette vitalité a bénéficié aux réunions sur les questions de terrorisme, auxquelles un grand nombre de membres se sont joints. La Commission peut inviter le Secrétaire Général à ses réunions, les rapporteurs spéciaux, les chefs de comités spécifiques, ou les experts spécialisés dans certaines questions. 17 membres importants participent aux réunions contre le terrorisme. Ces critères ont permis d'inviter davantage de militants et d'acteurs, et contribué à développer la structure discursive du Conseil. La large participation à ces réunions a inclus plus de légitimité pour la mise en œuvre des normes contraignantes au nom de l'action collective, ce qui est une incarnation claire de l'adhésion de ces ةtats et de leurs peuples aux lois contre le terrorisme.

Les fonctions du Conseil, en tant qu'organisation internationale, ne se limitent pas aux seules normes internationales, mais confèrent la légitimité aux décisions et actions des ةtats, ainsi qu'aux politiques des Nations Unies. Il semble qu'une entente concernant la compréhension du terrorisme par les ةtats prévaut, le veto n'ayant jamais été utilisé contre les décisions antiterroristes souvent approuvées à l'unanimité. Le Conseil a souvent eu recours aux décisions contraignantes pour institutionnaliser la lutte contre le terrorisme. Le Conseil de Sécurité offre un excellent exemple d'élaboration d'un discours et de pratiques antiterroristes sous l'égide du système mondial.

Le Conseil de Sécurité a une contribution majeure à la formulation d'une compréhension internationale du terrorisme et des défis communs auxquels le monde est confronté. Cela lui permet de définir les tendances et les plans mondiaux, de fixer les priorités et d'orienter les ةtats et d'autres acteurs pour combattre l'extrémisme et le terrorisme au niveau international.

Le Conseil s'appuie sur un cadre normatif structuré et des règles précises pour tracer les comportements acceptables des acteurs en son sein, entretenant ainsi entre eux une relation réciproque et durable. Bien que la communauté internationale reconnaisse les procédures et les règles dès qu'elles sont votées et qu'elles deviennent contraignantes pour elle, ces lois peuvent restreindre les mouvements des ةtats et leur imposer certaines procédures pour faire face à ce phénomène. Ces aspects constituent le contexte normatif du Conseil de Sécurité et de toute politique mondiale, ce qui conduit à l'établissement de significations subjectives communes dans la littérature du Conseil et permet aux ةtats d'évaluer la qualité du comportement des autres membres.

Ces règles réglementent le travail de tous les ةtats Membres, permettent d'évaluer le comportement des autres acteurs et définissent leur légitimité en tant qu'acteurs et militants internationaux et membres de la lutte contre le terrorisme. ہ quelques exceptions près, comme l'invasion américaine de l'Irak en 2003, les acteurs ne sont pas entièrement libres de lutter contre le terrorisme en dehors des normes universelles bien établies des Droits de l'Homme et du droit international, ou du droit humanitaire. Et quand ils ont pris des mesures réelles, ils ont dû justifier ce comportement pour être agréé, et reconnaître ces règles.

Une compréhension structurelle du système d'action internationale nous aide à comprendre l'effort principal du Conseil de Sécurité et des Nations Unies pour produire et justifier des pratiques juridiques, et montre comment elles sont créées, reproduites et formulées.

Conclusion

L'auteure reconnaît que son objectif en écrivant ce livre est de mettre en évidence la nature politique des organes spéciaux contre le terrorisme créés par le Conseil de Sécurité, les ةtats participant à l'établissement de la communauté internationale et les enjeux politiques internes qui ressortent la force et la flexibilité du système, son succès à surmonter les défis internes entre les ةtats membres et la façon dont il s'est développé, tout en préservant la position et les intérêts des ةtats dominants.

 L'auteure présente des recommandations finales concernant les trois thèmes principaux de ce livre, comme suit:

  1. La nécessité d'élargir le champ de lutte contre le terrorisme, et que cette lutte soit une pratique concrète sur le terrain, soucieuse d'affronter l'extrémisme, le terrorisme et la violence, avec une attention portée aux conséquences qui peuvent en découler.
  2. L'importance de la communauté internationale, des puissances mondiales et des ةtats permanents au sein du Conseil de Sécurité pour surmonter les différends secondaires et établir de sérieux sous-comités pour lutter contre le terrorisme.
  3. La nécessité pour le Conseil de Sécurité d'être le seul représentant officiel de la communauté internationale et le garant des relations fondamentales de pouvoir.

L'idée générale du livre demeure de présenter une nouvelle conception des rapports de force qui composent les structures de lutte contre le terrorisme sur la scène internationale.

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Numéro 38
Une publication mensuelle, qui propose une revue scientifique des ouvrages et des études remarquables traitant du terrorisme
27/06/2022 09:39