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19/05/2022
L’Institut pour l’économie et la paix (IEP) a publié la neuvième édition de l’indice mondial du terrorisme (GTI 2022), qui répertorie le suivi de l’impact du terrorisme dans 163 pays abritant 99,7% de la population mondiale. Le GIT comprend également l’analyse des différentes conditions sociales et économiques du terrorisme et ses motivations géopolitiques, les tendances à long terme de l’émergence et du développement du terrorisme dans le temps, les objectifs idéologiques, les politiques et les moyens que les groupes terroristes appliquent, l’avenir du terrorisme et les réponses politiques requises pour y faire face.​

Augmentation et diminution du terrorisme
L’indice a révélé une diminution du nombre total de décès résultant du terrorisme à 7142 en 2021, soit une baisse de 1,2% par rapport à l’année précédente et de 33% depuis le pic de 2015, lorsque 10.699 personnes ont été tuées dans des attentats terroristes.

Malgré la diminution du nombre de morts, le nombre d’attentats est passé de 4458 attentats en 2020 à 5226 attentats en 2021, soit une augmentation de 17%, enregistrant le plus grand nombre d’attentats depuis 2007, et les actes terroristes (attribués à un organisation terroriste) affichant seulement 52%.

Le Mozambique a enregistré la plus forte diminution des décès dus au terrorisme, passant de 507 décès en 2020 à 93 en 2021. Sur les cinq pays les plus touchés par le terrorisme, quatre ont enregistré une augmentation des décès: Afghanistan, Mali, Burkina Faso et Niger. Le nombre total de décès a diminué uniquement en Somalie.



L’année 2021 a été la première année au cours de laquelle le Myanmar et le Niger sont entrés dans la liste des dix premiers pays pour le nombre de décès dus au terrorisme. Ces deux pays représentaient 85% de tous les décès dus au terrorisme cette année-là. 

Le Mozambique et le Nigéria ont connu la plus forte baisse du terrorisme en 2021. Au Mozambique, les décès ont augmenté de 48% en 2020, avant de baisser de 82% en 2021 en raison du succès des mesures antiterroristes prises conjointement par les forces militaires avec le Rwanda et la CDAA.

Les décès au Nigeria ont diminué de 51% en 2021, après trois années de hausses consécutives dues à la baisse des décès attribués à Boko Haram et Daech (EI) branche Ouest-africaine, notamment la région de Borno, où le nombre de décès a diminué de 71%.

Daech branche Ouest-africaine a dépassé Boko Haram en tant qu’organisation la plus meurtrière au Nigeria en 2021, notamment avec son activité croissante dans les pays voisins comme le Mali, le Cameroun et le Niger, devenant ainsi une menace majeure pour la région du Sahel. La mort du chef de Boko Haram Abu Bakr Shekau en mai 2021 a conduit au déclin du groupe dû à la scission de ses partisans et leur adhésion à d’autres groupes.

La Syrie a connu la troisième plus forte baisse globale du nombre de décès d’un tiers en 2021, à seulement 488 décès.

Quant au Myanmar, c’est le pays qui a enregistré la plus forte augmentation des décès dus au terrorisme. Le nombre de décès est passé de 24 en 2020 à 521 en 2021. Cette augmentation significative était principalement le résultat de l’instabilité politique actuelle et des manifestations généralisées qui ont commencé avec le coup d’État militaire de février 2021, les groupes armés anti-junte étaient responsables de plus de la moitié des morts dus au terrorisme dans cette région.

Le Niger a enregistré la deuxième plus forte augmentation du terrorisme en 2021 à 588 décès, soit un taux de 129%, malgré la stabilité du nombre d’attentats entre 2020 et 2021, indiquant une augmentation de la létalité des attentats de 3,8 décès par attentat en 2020 à 7,9 décès en 2021.

Le rapport n’a pas noté d’impact de la pandémie du (Covid-19) sur le terrorisme, contrairement aux attentes qui mettaient en garde contre une augmentation des taux de terrorisme due au Coronavirus déclaré pandémie en mars 2020 par l’OMS. Cependant, les faits montrent que la pandémie a eu très peu d’impact sur le terrorisme en 2020 et 2021. Mais elle a créé de nouveaux défis dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, tels que la réduction des budgets de lutte contre le terrorisme en raison des dépenses publiques pour contrer l’épidémie, l’augmentation de la frustration associée au fléau, aidant à l’exacerbation des troubles civils, et les tentatives des extrémistes de bénéficier des effets secondaires de l’épidémie, tels que la réclusion, l’augmentation des activités en ligne, l’insatisfaction vis-à-vis des vaccins et des confinements, leur permettant d’amplifier la colère et les déceptions. Suite aux restrictions dues à la pandémie, les gens passaient plus de temps sur internet, et les groupes terroristes en ont profité pour diffuser les théories du complot, pratiquer la désinformation, saper la confiance dans les gouvernements et recueillir davantage de soutien pour leurs idées.

Groupes terroristes
Il y a quatre groupes terroristes responsables du plus grand nombre de décès en 2021: Daech, les Shebabs, les Talibans et le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (JNIM), responsables de 3364 morts dues au terrorisme, soit 47% du total de décès cette année-là. Ces quatre groupes étaient responsables de moins de 16% de tous les décès dus au terrorisme en 2020. 2775 décès dus au terrorisme n’ont été attribués à aucune organisation.

Daech (EI) et ses groupes affiliés, tels que l’EI Province de Khorasan, l’EI Province de Sinaï et l’EI Branche Afrique de l’Ouest, étaient les groupes terroristes les plus meurtriers en 2021 avec 29% des décès causés par le terrorisme dans le monde. Cependant, les attaques de l’EI ont régressé de 837 attaques en 2020 à 794 attaques en 2021. L’organisation terroriste a lancé des attaques dans 21 pays en 2021, contre environ 30 pays en 2020. L’Irak a été le plus touché par les attaques terroristes de l’EI. L’organisation a lancé 327 attaques en 2021, contre 353 attaques en 2020. Cependant, l’Afghanistan a enregistré le plus grand nombre de victimes de l’EI, le pays ayant enregistré un quart des victimes de l’EI en 2021.



Les attaques armées restent la méthode préférée de l’EI pour la troisième année consécutive, suivies des attaques à l’explosif. En 2021, l’organisation a lancé 479 attaques armées, contre 414 attaques l’année précédente. Les décès résultant de ces attaques ont diminué de 12% à 749 morts.

Bien que les attentats à la bombe entre 2020 et 2021 soient passés de 271 à 240, le nombre de victimes dues à ces attentats a augmenté de près de 50%. Le nombre d’attentats suicides est passé de 18 en 2020 à 16 en 2021, mais le nombre de victimes a doublé en 2021.

Les armées demeurent toujours la cible la plus courante des attaques de l’EI. L’organisation terroriste les a visées dans 41% de ses attaques en 2021. Cependant, les civils ont enregistré le plus grand nombre de victimes, avec 971 morts en 2021, soit une augmentation de 36% par rapport à 2020.

Quant aux Talibans, ils ont repris tout l’Afghanistan en 2021 et sont revenus au pouvoir en août de la même année. Le mouvement a été responsable de 376 décès en 2021, avec 32% de moins qu’en 2020, soit le plus faible nombre de décès depuis 2016. Ses attaques sont également passées de 242 en 2020 à 232 en 2021, dont 56% n’ont fait aucun mort. 47% visaient des civils, avec 64% des décès qui en ont résulté.

Les décès résultant du terrorisme attribué aux Shebabs ont continué de baisser en 2021 de l’ordre de 17% par rapport à l’année précédente. Sur les 571 décès attribués au mouvement cette année-là, 93% sont survenus en Somalie et 6% au Kenya. Le nombre total d’incidents terroristes attribués au mouvement a diminué à 303 attaques, soit 56 attaques de moins par rapport à 2020.

Mogadiscio était le centre des activités terroristes des Shebabs. 16% de ses attaques ont eu lieu dans la ville, faisant 115 morts. Les décès dus au terrorisme attribués aux Shebabs au Kenya ont diminué de 14% en 2021, le plus faible nombre enregistré de victimes Shebabs dans ce pays depuis 2012.

Les Shebabs ont eu recours aux explosifs et aux attaques armées comme principales méthodes d’attaque. Environ 68% des morts terroristes attribuées au mouvement en 2021 étaient le résultat d’attentats à la bombe, tandis que les attaques armées ont causé 31% des décès entre 2020 et 2021.

Les attaques et les décès dus aux activités du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (JNIM) en 2021 ont atteint leurs niveaux les plus élevés depuis l’émergence du groupe en 2007. Le groupe a été responsable de 351 décès en 2021, soit une augmentation de 69% par rapport à 2020, dont environ 59% au Mali et 40% au Burkina Faso.

Les attaques du groupe ont augmenté de 80% entre 2020 et 2021, et la majorité des attaques au Mali étaient dirigées contre l’armée, mais la majorité des victimes étaient des civils, leur nombre ayant plus que triplé entre 2020 et 2021.

Plus de la moitié des attaques menées par le JNIM étaient des attaques armées, ayant tué 341 personnes en 2021, représentant 97% des décès causés par le groupe. Le groupe a commis plus de 26 attentats à la bombe en 2021, ayant occasionné sept victimes, soit une baisse de 46% par rapport à l’année précédente.

Les États les plus touchés par le terrorisme
Les dix États les plus touchés par le terrorisme sont restés largement inchangés, l’Afghanistan et l’Irak conservant leur position en tête des pays les plus touchés par le terrorisme pour la troisième année consécutive.

Le Burkina Faso a dépassé la Syrie et le Nigéria devenant le quatrième pays le plus touché par le terrorisme. Le Pakistan est passé du huitième au dixième rang et le Nigéria a perdu deux places pour se classer sixième. 

Le Niger et le Myanmar ont été les derniers à rejoindre la liste, occupant respectivement les huitième et neuvième places. Le Nigéria, la Syrie et la Somalie sont les pays ayant enregistré une amélioration du score de 2020 à 2021, parmi les dix pays les plus touchés par le terrorisme.

L’Afghanistan a enregistré 1426 décès en 2021, soit le plus grand nombre de décès liés au terrorisme dans un seul pays, représentant 20% des décès dus au terrorisme dans le monde, dont plus de la moitié sont des civils, ce qui en fait le pays le plus touché par le terrorisme pour la troisième année consécutive.

Les incidents terroristes en Afghanistan ont augmenté de 33% sur un plus large espace géographique. Les incidents terroristes ont été enregistrés dans 32 des 34 provinces. Le plus grand nombre de décès a été enregistré dans la capitale Kaboul, la plupart d’entre eux victimes d’attaques lancées par la branche Khorasan de l’EI. Le nombre de décès dans la région de Kandahar a presque triplé en 2021.

L’Irak a enregistré 833 attentats terroristes en 2021, soit une augmentation de 33% par rapport à l’année précédente, mais les décès résultant du terrorisme en Irak ont diminué de 91% par rapport à leur pic depuis 2007. L’armée irakienne a été la cible pour la deuxième année consécutive de la plupart des attaques terroristes ayant causé 43% des décès dus au terrorisme en 2021, après que le nombre d’attaques la ciblant ait augmenté de 60%, tandis que le nombre de morts civils a augmenté de 28%.

L’EI domine toujours l’activité terroriste en Irak, causant 71% de tous les décès en 2021. Le PKK était l’autre groupe terroriste actif en Irak cette année, responsable de 22 attentats ayant causé la mort de 21 personnes.

Les attaques terroristes et les décès en Somalie ont diminué en 2021 de 10% par rapport à l’année précédente, et les décès liés au terrorisme ont diminué à seulement 17% par rapport à 2014.

Les Shebabs restent le groupe terroriste le plus meurtrier en Somalie, responsable de 534 décès, soit 89% de tous les décès liés au terrorisme dans le pays en 2021.

Au Burkina Faso, les incidents terroristes sont passés de 191 incidents à 216 incidents entre 2020 et 2021, soit le plus grand nombre d’attaques depuis le pic de 2019. Les décès liés au terrorisme ont suivi le même chemin, augmentant de 11% par rapport à l’année d’avant. Le pays a enregistré le deuxième plus grand nombre de décès en 2021. Plus de la moitié des 732 décès étaient des civils.

Le JNIM y demeure le groupe terroriste le plus important, bien qu’il ne soit responsable en 2021 que de 13 attentats ayant fait 207 morts, soit près de cinq fois le nombre enregistré en 2020.

Le nombre total de décès dus au terrorisme au Nigéria est tombé à 448 en 2021, le niveau le plus bas depuis 2011. Cependant, le nombre d’attaques terroristes a augmenté de 49% entre 2020 et 2021. 75 attaques visaient les forces de l’ordre, les policiers et les gardiens de prison, soit plus d’un tiers de toutes les attaques. Les décès dus au terrorisme ont diminué de 62% parmi les civils et de 50% parmi les militaires par rapport à l’année précédente.

La branche de l’EI en Afrique de l’Ouest est devenue le groupe terroriste le plus meurtrier au Nigéria, tandis que Boko Haram continue de décliner, avec pas plus de 69 décès, une diminution de 77% par rapport à l’année précédente, ce qui est le plus faible nombre de décès causés par le groupe en dix ans.

Le déclin de Boko Haram a entraîné une amélioration significative dans l’État de Borno, qui a connu une diminution de 71% des décès terroristes par rapport à l’année précédente. Les attaques dans l’État sont passées de 121 attaques à 86 attaques entre 2020 et 2021. Pourtant, l’État reste la région la plus touchée par le terrorisme au Nigéria, représentant la moitié des décès liés au terrorisme en 2021.

En 2021, le Mali a été témoin du plus grand nombre d’attaques terroristes et de décès au cours de la dernière décennie, les attaques ayant augmenté de 56%, et les décès de 46%, par rapport à l’année précédente. La plupart des attaques étaient dirigées contre les militaires et les efforts antiterrorisme, mais les civils représentaient le plus grand nombre de morts en 2021.

La région des trois frontières qui comprend les frontières du Mali avec le Niger et le Burkina Faso, reste la région la plus affectée par les attaques terroristes, puisqu’elle a connu plus de 70% des attaques du Mali en 2021.

Le JNIM a été responsable de 72 attentats terroristes en 2021, avec une augmentation de 80% par rapport à l’année précédente.

Le Niger est entré pour la première fois dans la liste des dix pays les plus touchés par le terrorisme en 2021, enregistrant 588 décès dus au terrorisme, soit une augmentation de 100% par rapport à l’année 2020-2021.

La branche ouest-africaine de Daech a dépassé en 2021 en activités le groupe Boko Haram au Niger où elle a mené 23 attaques, ayant fait 60 % du total des victimes, avec un taux de 15,2 morts par attaque, contre 9,4 morts par attaque en 2020, devenant ainsi les attaques de l’EI les plus meurtrières au monde en 2021.

En Syrie, 488 décès liés au terrorisme ont été enregistrés en 2021, soit une baisse de 33% par rapport à l’année précédente. Le nombre d’incidents terroristes a diminué de 23% entre les deux années, et les gouvernorats du nord ont été les plus touchés par le terrorisme, avec 45% des attentats survenus dans les gouvernorats de Deir Ezzor et d’Alep.

L’EI est resté le groupe terroriste le plus meurtrier en Syrie pour la huitième année consécutive, étant responsable de 49% des décès et 32% des incidents terroristes. Malgré cela, les attentats terroristes perpétrés par ce groupe ont diminué de 34% et les décès qui en ont résulté de 26% par rapport à l’année précédente. 54% des attaques n’ont été attribuées à aucune organisation terroriste.

Le Myanmar (Birmanie) est apparu dans la liste des dix pays les plus touchés par le terrorisme en 2021, après que le nombre d’attentats terroristes y ait atteint 750, contre environ 25 attentats en 2020, et que les décès dus au terrorisme soient passés à 521 décès, contre environ 24 cas en 2020, soit une augmentation de 2071%. Les groupes armés anti-junte étaient responsables de la moitié des attaques terroristes et des décès dont 76% étaient des militaires, des agents du gouvernement et des forces de l’ordre.

Au Pakistan, l’impact du terrorisme a légèrement augmenté. Le pays a enregistré une augmentation de 5% du nombre de décès en 2021 par rapport à l’année précédente, et le nombre d’incidents terroristes est passé de 171 en 2020 à 186 en 2021.

L’armée pakistanaise a poursuivi ses efforts pour désarmer et éliminer les cellules terroristes dormantes, ce qui en a fait la cible la plus courante des attaques. 44% de tous les décès liés au terrorisme étaient des militaires.

Tendances du terrorisme depuis 2007
Le nombre de décès résultant du terrorisme au cours des quatre dernières années a diminué, mais la diminution a été faible. Le nombre de décès est resté presque constant depuis 2018, mais il a diminué de plus d’un tiers depuis son pic en 2015. L’Irak et le Pakistan ont été parmi les pays qui ont connu la plus forte baisse.

En Occident (Europe, Amérique du Nord et Océanie), les attentats terroristes ont culminé en 2018 avec 182 attentats et les décès ont enregistré leur plus haut niveau en 2016, atteignant 191 morts. Bien que l’influence du terrorisme à motivation religieuse ait diminué en Occident au cours des quatre dernières années, le niveau du terrorisme à motivation politique a augmenté. En 2018, le nombre de morts et d’incidents résultant du terrorisme politique était plus élevé que tout autre type de terrorisme, pour la première fois depuis 2007. En 2021, il y a eu 40 attaques à motivation politique, contre trois attaques à motivation religieuse.

Le nombre de pays connaissant des décès dus au terrorisme a diminué en 2021, 44 pays ont enregistré au moins un décès, contre 55 pays en 2015. Sur les 163 pays inclus dans l’analyse, 105 pays n’ont enregistré aucune attaque ou décès dus au terrorisme en 2020 et 2021, ce qui est un record depuis 2007.

Les conflits moteur du terrorisme
Les conflits sont le principal moteur du terrorisme depuis 2007. En 2021, les dix pays les plus touchés par le terrorisme étaient impliqués dans des conflits armés. 120.359 décès dus au terrorisme sont survenus entre 2007 et 2020. Parmi ces décès: 92%, soit 111.191 ont eu lieu dans des pays en proie à des conflits. Au plus fort de l’activité terroriste en 2015, la plupart des décès résultant du terrorisme sont survenus dans les zones de guerre.

Au cours des trois dernières années, 95,8% des décès dus au terrorisme sont survenus dans des pays touchés par un conflit, ce chiffre atteignant 97,6 % en 2021. Avec l’intensification des conflits, les actes terroristes deviennent plus meurtriers. Les attentats terroristes dans les pays en conflit sont six fois plus meurtriers que dans les pays paisibles.

Dans les pays en conflit, les attaques terroristes visant les civils sont plus meurtrières que celles visant la police, l’armée et les infrastructures. Depuis 2007, 39.943 personnes ont été tuées dans des attaques terroristes contre des cibles policières, militaires et des infrastructures dans les pays en conflit. 42.964 personnes ont été tués dans des attaques visant des civils dans des pays touchés par des conflits.



Dans de nombreux environnements de conflit, la violence ne cible pas seulement les gouvernements mais aussi les extrémistes eux-mêmes qui s’entretuent pour dominer une région contestée. Cette concurrence entre groupes terroristes affecte les politiques et les méthodes de chaque groupe, car certains d’entre eux usent de moyens terroristes face au groupe concurrent et aux citoyens qui le soutiennent ou sympathisent avec lui ou qui seraient ainsi.

L’idéologie du terrorisme en Occident
Le terrorisme en Occident est une infime partie du terrorisme mondial qui a causé entre 2007 et 2021 126.740 morts, dont seulement 865 décès sont survenus en Occident, soit seulement 0,68% du total. Cependant, le terrorisme en Occident est paradoxal, car il se déroule en dehors du contexte des conflits ou des guerres en cours, environnement approprié au terrorisme.

Depuis 2007, 61% des décès causés par le terrorisme en Occident sont dus à des attentats attribués à des groupes religieux. Ce type de terrorisme a fait 528 morts.

Avant 2015, le terrorisme national ou séparatiste était le type de terrorisme le plus élevé en Occident, mais le terrorisme religieux a pris le dessus. Entre 2007 et 2014, les groupes séparatistes ont mené 145 attaques, tuant 13 personnes. En 2021, seuls quatre attentats ont été attribués à des groupes terroristes séparatistes. Le Royaume-Uni, l’Espagne et la France maintiennent les niveaux les plus élevés de terrorisme séparatiste en Occident, ayant enregistré respectivement 81, 61 et 35 attentats depuis 2007.

Le terrorisme politique en Occident se divise en deux types: Le terrorisme d’extrême gauche et le terrorisme d’extrême droite. Ce type de terrorisme a augmenté régulièrement au cours de la dernière décennie en Occident. 73% des attentats terroristes sont attribués à des groupes et à des individus politiquement motivés. En 2011, des groupes et des individus d’extrême gauche étaient responsables de deux attentats, contre cinq attentats pour les groupes d’extrême droite. En 2021, les attentats de l’extrême gauche ont beaucoup augmenté, atteignant 38 attentats, alors que les groupes d’extrême droite n’ont commis que deux attentats.

La plupart des attaques de gauche ou de droite sont perpétrées par des individus ou des groupes qui n’ont pas d’affiliation officielle avec une organisation reconnue. Sur les 393 attentats perpétrés en Occident par des groupes d’extrême droite et d’extrême gauche, 95% ont été commis sans affiliation officielle. En 2018, le nombre de décès et d’incidents résultant du terrorisme politique en Occident était plus élevé que celui résultant de tout autre type de terrorisme, pour la première fois depuis 2007.

Les principales tendances régionales du terrorisme
L’impact du terrorisme a diminué dans huit des neuf régions du monde en 2021. La plus grande amélioration s’est produite en Russie et en Eurasie où une réduction de 71% des décès a été enregistrée.

L’Asie du Sud est la région qui a obtenu le score le plus élevé dans l’indice du terrorisme, une position qu’elle occupe depuis 2007. Au contraire, l’Amérique centrale et les Caraïbes ont enregistré le plus faible impact du terrorisme. 

Entre 2007 et 2021, le plus grand nombre de décès résultant du terrorisme a été enregistré dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, avec plus de 49.000 décès, contre 37.000 décès en Asie du Sud et 30.500 cas en Afrique subsaharienne.

Plus récemment, l’activité terroriste s’est amplifiée dans les régions d’Asie du Sud et d’Afrique subsaharienne, qui ont enregistré 74% des décès liés au terrorisme en 2021. Dans la région Asie-Pacifique, dix pays se sont améliorés dans l’indice du terrorisme en 2021, contre deux pays qui se sont détériorés: Le Myanmar et l’Indonésie, ce qui a entraîné une diminution de l’impact du terrorisme dans la région pour la troisième année consécutive.

En Amérique centrale et dans les Caraïbes, aucun pays ne s’est détérioré: 11 pays sur 12 ont obtenu un score de zéro dans l’indice mondial du terrorisme 2021, ce qui signifie qu’ils n’ont été témoins d’aucun incident terroriste au cours des cinq dernières années. En Europe, 21 des 36 pays ont enregistré une amélioration de l’impact du terrorisme l’an dernier. L’Europe est la troisième région la plus performante, après la Russie et l’Eurasie, et l’Amérique centrale et les Caraïbes. Quatorze pays européens n’ont été témoins d’aucune attaque terroriste depuis 2017. Sur 113 attentats en Europe en 2021, des groupes terroristes connus n’ont revendiqué que 20 attentats.

Bien que la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ait connu le plus grand nombre de décès dus au terrorisme depuis 2007, la région a enregistré une baisse significative au cours des quatre dernières années. Les décès ont diminué de 39% depuis 2018, atteignant leur niveau le plus bas depuis 2007 avec seulement 16% du total des décès en 2021. La région a enregistré une amélioration globale de l’impact du terrorisme l’année dernière: 16 pays se sont améliorés, trois pays n’ont enregistré aucun changement et l’Algérie est le seul pays à avoir enregistré une détérioration en raison d’une augmentation des décès liés au terrorisme. C’est la quatrième année consécutive que la région s’améliore.

Daech était le groupe terroriste le plus meurtrier au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, étant à l’origine du décès de plus de 11.500 personnes depuis 2014. Parmi les attaques dont le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont été témoins en 2021, l’EI et ses groupes affiliés ont revendiqué la responsabilité de 463 attaques, soit 36% du total. Bien que 13 groupes terroristes aient revendiqué en 2021 des attentats dans la région, 727 attentats, soit 57% des attentats, n’ont été revendiqués par aucun groupe connu.

L’Asie du Sud a obtenu le score le plus élevé du GTI par rapport au reste des régions, un score qu’elle a occupé au cours de la dernière décennie. En 2021, 23 groupes terroristes étaient actifs dans la région, dont Daech était le plus meurtrier avec 555 décès.

En Afrique subsaharienne, l’impact du terrorisme a légèrement augmenté en 2021. Parmi les 18 pays du monde qui ont enregistré une détérioration entre 2020 et 2021, huit d’entre eux se trouvaient dans la région subsaharienne. 17 pays de la région ont enregistré pourtant une amélioration de leurs scores dans le GTI en 2021. Les décès dus au terrorisme dans la région ont légèrement diminué à 3461 en 2021, contre 3849 en 2020.

Terrorisme au Sahel
Le nombre de décès résultant du terrorisme dans la région du Sahel (Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Gambie, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal) a décuplé entre 2007 et 2021. Le taux de mortalité dans la région a atteint 35% du total des décès résultant du terrorisme dans le monde en 2021, contre seulement 1% en 2007.

Au cours des dernières années, l’environnement du terrorisme dans la région a subi plusieurs changements. De nouveaux groupes ont émergé et d’autres se sont unis et se sont adaptés aux opérations antiterroristes locales, régionales et internationales. En raison de son terrain difficile et de ses frontières poreuses, les dirigeants locaux des groupes terroristes au Sahel jouissent d’une grande liberté d’action. L’activité terroriste la plus importante dans la région est restée dans le bassin du lac Tchad, qui comprend des parties du Cameroun, Tchad, Niger, Nigéria et de la région frontalière du Burkina Faso, Mali et Niger.

En analysant les contextes du terrorisme dans la région du Sahel, le rapport révèle que le terrorisme se présente généralement comme un outil de conflit et de changement politique. Le rapport identifie les facteurs qui alimentent la crise actuelle dans la région, notamment:
  • ​​L’émergence d’Al-Qaïda au Maghreb islamique dans la région, et la consolidation de sa présence en gagnant le soutien d’éléments des Touareg, et la formation de relations avec des groupes tels que: (Ansar al-Din), (Al- Mourabitoun) et (la Brigade Macina).
  • La montée en puissance de l’EI et sa ses relations avec des militants locaux, tels que Boko Haram, ayant conduit à l’émergence de l’EI en Afrique de l’Ouest, et de l’EI dans le Grand Sahara.
  • La dégradation de l’environnement qui a forcé les gens à rechercher de nouveaux pâturages, des terres arables et des facilités hydriques.
Le rapport a identifié trois types de groupes terroristes opérant dans la région du Sahel, à savoir:
  • Premier type: Les groupes transfrontaliers ayant des liens officiels avec Al-Qaeda, tels que le Jnim, Al-Qaeda au Maghreb islamique, ou Daech, tels que Daech branche Afrique de l’Ouest, ou Daech au Grand Sahara.
  • Deuxième type: Les groupes concernés par les problèmes locaux et agissant selon un modèle religieux ethno-nationaliste, tels que: Ansar Al-Din, Al-Mourabitoun et la Brigade Macina.
  • Troisième type: Les groupes qui apparaissent en réponse à des situations spécifiques, comme: La Ligue Anti-Peul apparue en 2016.
Historiquement, l’activité criminelle était présente au Sahel, en particulier dans le nord du Mali, un carrefour de réseaux de contrebande de biens licites et illicites, tels que: Carburant, cigarettes, denrées alimentaires, drogues, armes et personnes.

Il y a des indications que la concurrence pour le contrôle des itinéraires et le produit des activités illicites exerce une pression croissante sur les structures sociales et les relations inter-tribales et inter-ethniques. L’enlèvement est une méthode couramment utilisée par les organisations terroristes dans la région, en particulier au Burkina Faso, où 7 incidents ont été signalés en 2016, portés à 111 en 2019. Les revenus tirés par Al-Qaïda au Maghreb islamique des enlèvements ont été estimés à plus de 110 millions de dollars depuis 2003.

Terrorisme et rareté des ressources
Il est important de comprendre le contexte du terrorisme lié à la rareté de l’eau. Il n’y a aucun groupe au Sahel qui n’ait pas fait de la pénurie d’eau une raison pour recourir à la violence. Les groupes terroristes ont souvent utilisé l’eau comme un outil de coercition et de recrutement.

Les changements climatiques ont entraîné davantage de sécheresses et d’inondations, sapé la production alimentaire dans la région, détruit divers établissements humains et provoqué des déplacements à grande échelle. Les rapports indiquent qu’en 2020, plus de 43 millions de personnes dans les pays du Sahel étaient confrontées à l’insécurité alimentaire et près de 18 millions de personnes étaient exposées à une situation de crise ou d’urgence.

Un rapport analysant la situation de l’eau dans le lac Tchad a révélé qu’environ 30 millions de personnes au Nigéria, au Tchad, au Niger et au Cameroun sont en concurrence pour l’approvisionnement en eau, Boko Haram profitant de cette situation pour imposer des impôts et exiger des familles de lui fournir des conscrits.

L’insécurité alimentaire a entraîné l’émergence de mouvements rebelles dans la région, au sein desquels des groupes, tels que l’EI et Boko Haram ont utilisé la nourriture pour consolider leur influence. Cette insécurité alimentaire affecte également les relations des groupes terroristes entre eux, qui rivalisent pour se procurer de la nourriture, comme ce fut le cas avec Boko Haram qui a provoqué une crise alimentaire dans le Nord du Nigéria et le lac Tchad, qui lui-même en a été affecté, et a dû se rendre au Cameroun, en quête de sécurité alimentaire.
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N°37
Une publication mensuelle qui présente des lectures de rapports internationaux sur le terrorisme
19/05/2022 13:19