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Terrorisme et Commerce illégal en Afrique de l’Est

Importance du sujet
La question de l’économie politique sur laquelle reposent les mouvements extrémistes est l’une des questions qui n’ont pas reçu suffisamment d’attention dans les études sur l’extrémisme et le terrorisme. La source de cette omission était l’attention portée aux aspects idéologiques et aux implications politiques et sécuritaires de la propagation de ces groupes et de leurs activités aux niveaux régional et mondial. L’intérêt de Daëch (État islamique) pour la création d’une structure basique pour un État extrémiste, et son implication dans des opérations économiques avec diverses parties, indiquent l’importance de cette question. Plusieurs rapports internationaux ont également indiqué l’implication du Hezbollah terroriste libanais dans des activités économiques illégales, telles que le trafic de drogue et la contrebande de diamants à travers l’Amérique Latine et l’Afrique de l’Ouest. En revanche, l’Afrique de l’Est et la Corne de l’Afrique n’ont pas été épargnées, car cette région a souffert pendant des décennies de nombreux dangers, de guerres civiles et entre États et de divisions dans la structure des États, qui ont conduit à la propagation des attaques terroristes et l’émergence des mouvements séparatistes dont notamment les Shebabs en Somalie, l’Armée du Seigneur en Ouganda et l’organisation Ahl al-Sunnah wal-Jama’ah (ASJ) au Mozambique. La région continue de faire l’objet de l’attention mondiale en raison de ses ressources naturelles, de sa position internationale sur les lignes commerciales entre l’Asie, l’Ouest et l’Afrique constituant en conséquence un endroit idéal pour les organisations terroristes, les gangs de contrebande et le commerce illégal.
Ce rapport montre le chevauchement entre les groupes terroristes et criminels dans cette région et clarifie l’environnement qui a conduit à la prévalence de la contrebande et des activités économiques illégales, qui forment une grande économie souterraine dans la plupart des pays de la région où règnent la corruption, le manque de responsabilité juridique et politique, et les contrôles lâches aux frontières et aux ports. Le rapport évoque également l’implication de divers groupes terroristes de la région dans la contrebande illégale d’ivoire, de tabac et d’armes.
Limites de définitions et chevauchement
Cette section du rapport fournit un cadre pour les limites de chevauchement entre extrémisme violent et commerce illégal. Roberts définit le commerce illégal comme: les activités qui impliquent l’échange entre des individus ou des organisations de biens et de services interdits par la législation locale ou internationale.
Selon l’Organisation pour le commerce international et la coopération, ce commerce peut inclure l’échange de marchandises interdites, telles que les drogues, les biens de propriété intellectuelle, les armes, la vente de marchandises en dehors des marchés accrédités, l’évasion fiscales propices à la contrebande de tabac ou la vente de biens volés, tels que les produits électroniques. Une grande partie de ce commerce est contrôlée par les réseaux mafieux dans le monde développé et les gangs locaux. Cependant, ce commerce a fini par attirer un grand nombre de groupes extrémistes au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie, tels que le Hezbollah, Al-Qaida et Daëch, en raison des bénéfices importants qu’il offre et de ses faibles risques, contrairement aux prises d’otages et aux demandes de rançon couramment utilisées par les groupes terroristes pour se financer. Le volume du commerce illégal dans le monde atteint 2200 milliards de dollars, soit 3% du produit mondial total.
Le commerce interdit diffère d’une région à l’autre et se caractérise par la complexité de ses opérations. La mondialisation a contribué à cette complexité et intrication. Ainsi, l’opium afghan est distribué sur le marché européen à travers une série de réseaux criminels constitués de contrebandiers afghans, iraniens, kurdes, turcs et albanais. Le Dark Web a contribué à élargir les opportunités de coopération entre ces réseaux criminels.
Ce trafic se caractérise par l’abondance relative des biens et des ressources passées en contrebande et la disponibilité des marchés pour ces biens et la capacité de la société civile et des agences gouvernementales à combattre positivement ces activités par le biais de procédures légales, de contrôles aux frontières, de programmes de transparence, de gouvernance et de lutte contre la corruption. Sur la base de ces critères, le rapport étudie les caractéristiques du marché du commerce illégal en Afrique de l’Est et l’implication des groupes terroristes à ce négoce.




20/04/2022 12:16