Connexion
Les chemins du salut

​​​​

Les risques de recrutement d’enfants dans les organisations terroristes et les groupes armés augmentent de manière significative, mais les programmes destinés à lutter contre ce phénomène et à réhabiliter et intégrer ces recrues dans la société ne s’adaptent pas à l’ampleur du phénomène et aux défis qu’il représente.
Une fois qu’un enfant est recruté par un groupe armé, il est souvent transporté loin de chez lui ou transféré dans un autre pays et son retour devient très difficile. Les enfants enlevés par l’Armée du Seigneur en Ouganda ne pouvaient revenir chez eux, étant étrangers dans leur nouvel environnement et ne savaient comment faire pour fuir.
L’expérience montre que le fait d’expliquer aux enfants comment faire pour fuir les groupes armés et leur promettre soutien et assistance une fois qu’ils le feront, peut être crucial pour les encourager à partir. Conscient de cela, un programme en Ouganda a utilisé des tracts jetés par hélicoptères dans la brousse et une émission de radio locale pour fournir des informations aux enfants sur la manière de s’échapper ou de se rendre en toute sécurité, avec des promesses de pardon pour les inciter à quitter l’Armée du Seigneur.
Parmi les défis à ce programme de démobilisation, les informations insuffisantes sur les facteurs expliquant l’attachement des enfants à ces groupes et ce dont ils ont besoin pour les aider à déserter, car ces jeunes peuvent craindre des représailles de la part de l’organisation, ou d’être rejetés par leurs familles et leurs communautés.
Malheureusement, les groupes terroristes ont prouvé leur capacité à endoctriner leurs jeunes recrues, qui une fois imprégnés d’idéologies d’extrémisme et de violence, ils se montrent plus réticents aux efforts de démobilisation.
L’opinion publique peut exiger une approche plus stricte dans le traitement des enfants recrutés par des groupes terroristes car elle considère qu’ils reçoivent un «traitement privilégié» par rapport à d’autres catégories vulnérables qui méritent mieux qu’eux ce traitement.
Compte tenu du manque de ressources, il est à craindre que les programmes de réinsertion soient conçus selon une approche unique pour traiter tous les cas, quoique les expériences des enfants recrutés soient très diverses. Les programmes qui ne tiennent pas compte des besoins individuels des enfants et n’offrent pas la flexibilité nécessaire pour apporter des réponses appropriées, auront souvent peu d’impact. 
Les praticiens et les décideurs politiques ne peuvent se permettre d’attendre et n’ont d’autre choix que d’affronter ce phénomène. Il importe alors que les politiques et les programmes de réinsertion des enfants prennent en compte les différents aspects de ce processus multiforme, tels que le rétablissement sanitaire, psychologique et social de ces mineurs et leurs besoins et aspirations de retour à la vie familiale et communautaire.
Au niveau de la santé, la recherche a montré les graves effets de la violence sur la santé physique et mentale des enfants impliqués dans ces groupes, qui ont besoin de traitements que de nombreux pays ne peuvent fournir. Sur le plan social, ces enfants sont souvent objets de stigmatisation et de rejet sévères de la part de leurs familles et communautés. Certains groupes terroristes et armés les forcent à commettre des actes de violence odieux visant leurs familles et leurs communautés pour leur barrer le chemin du retour.
Enfin, il est nécessaire de promouvoir la coopération internationale pour réprimer ce phénomène effrayant, le Conseil de sécurité des Nations Unies devant décider, sur la base du chapitre VII, de renvoyer les cas de recrutement dans les zones de conflit au procureur de la Cour pénale internationale. Il est possible de mettre à profit l’expérience du commandement conjoint des forces de la Coalition Pour Soutenir la Légitimité au Yémen sur la question de réhabilitation et de prise en charge des enfants soldats pour leur permettre de retrouver le droit chemin, à travers «l’Unité de Protection infantile» créée en coordination avec les Nations Unies.



19/04/2022 10:50