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La région de l’Afrique de l’Ouest est une poudrière Comité de redaction
La région de l’Afrique de l’Ouest ressemble plus que jamais à une «poudrière» contenant un mélange de matières explosives: démographie jeune, pauvreté, chômage, conflits ethniques et tribaux, frontières lâches et désertification accélérée. La population de la région qui va doubler dans dix ans souffre d’un niveau record de sous-alimentation qui a coûté la vie à près de 6500 personnes dans seulement trois pays : Burkina Faso, Mali et Niger pour la seule année 2020. La même année, le nombre de personnes ayant besoin d’aide humanitaire d’urgence a atteint environ 13,4 millions, soit 20 % de la population.
Cette réalité douloureuse a constitué un environnement favorable pour les organisations terroristes qui s’y sont précipitées de toutes parts, faisant de la région ces dernières années l’une des zones les plus instables du continent africain dans laquelle ces organisations s’allient, se divisent et se battent, laissant derrière elles des milliers de victimes. Ainsi, le groupe Boko Haram y a tué plus de personnes que l’organisation terroriste Daech en Syrie et en Irak. L’Observatoire nigérian de sécurité (NST 2021) indique que le groupe a tué, de juin 2011 à juin 2018, 37.530 personnes soit près du double des estimations faites par d’autres parties, soit de l’ordre seulement de 20.000 morts au cours de la même période. La Base de données sur les conflits armés (ACLED) y a enregistré 3346 incidents, dans lesquels 34261 personnes ont été tuées.
En 2019, le groupe Daech a mené ses plus grandes opérations terroristes en Afrique, tuant 982 personnes rien qu’en Afrique subsaharienne, selon l’indice mondial de Terrorisme GTI 2020. L’organisation a déplacé son centre de gravité du Moyen-Orient au continent africain. Le nombre de morts au Sahel en 2019 a augmenté de 67% par rapport à 2018, et trois des cinq pays de la région font désormais partie des dix pays ayant connu une augmentation des actes terroristes, selon l’indice.
Quant à l’organisation terroriste al-Qaïda, elle a en Somalie, après les Shebab, sa deuxième branche la plus forte dans la région, le (JNIM), formé en 2017 en fusionnant nombre de ses organisations affiliées. La branche de Daech dans le Grand Sahara (ISGS) et le JNIM sont les deux groupes terroristes les plus actifs dans la région. Ils y mènent la majorité de leurs attaques, contrôlent de vastes zones et sévissent dans une impunité relative. Ils traversent la frontière pour mener des attaques contre les pays de la région. L’ISWAP et Boko Haram attaquent le Niger et le Tchad depuis le Nigeria, où ils bénéficient d’un refuge sûr.
Selon le rapport de la société de sécurité Stratfor, malgré des années de soutien militaire français dans toute la région via l’opération Barkhane qui a débuté en août 2014, il n’y a pas eu de mécanisme fiable pour améliorer la situation qui ne cesse de se détériorer dans la région.
La force conjointe G5, formée par la France pour lutter contre le terrorisme et composée de près de 4000 soldats, continue de subir des revers financiers et opérationnels, la rendant inefficace. Le 10 juin, le président français Emmanuel Macron a annoncé la fin de l’opération Barkhane et la décision du gouvernement français de prendre en charge la lutte contre les terroristes dans la région au sein de missions européennes et internationales.



19/04/2022 10:52