Connexion
Le Massacre de Bir al-Abd - Le terrorisme noir tue plus de 300 fidèles dans la Mosquée al-Rawda
Les 400 fidèles avaient les yeux de rivés sur le prédicateur du vendredi perché sur son minbar, et qui venait d’amorcer son sermon, quand ils furent surpris par les balles perfides qui pleuvaient sur eux de toutes parts, n’épargnant personne. Après une demi-heure de massacre de sang-froid, 305 fidèles ont été tués, dont 27 enfants, et 128 personnes ont été blessées, dans l’un des crimes les plus odieux du terrorisme noir en Égypte.

Les assaillants ne se sont pas contentés de tuer les fidèles mais ils ont mis le feu à leurs voitures avant de s’enfuir dans des véhicules tout terrain. Il s’agissait du massacre des fidèles prosternés commis dans la Mosquée al-Rawda, située à 40 km de la ville de Bir al-Abd, à 50 km de la ville d’Al-Arish dans le gouvernorat du Sinaï Nord en Égypte.

Dans les détails, l’enquête du ministère public a révélé qu’environ 30 hommes armés portant le drapeau de Daech ont encerclé la mosquée et ouvert le feu sur les fidèles alors qu’ils accomplissaient la prière du vendredi le 24 novembre 2017.

Les autorités égyptiennes ont immédiatement lancé une vaste opération militaire dans le centre et le nord du Sinaï, et des avions de guerre ont effectué des frappes dans le sud de Cheikh Zuweid, au Nord-Sinaï. L’armée égyptienne a annoncé des raids aériens sur des cibles dans les montagnes autour de Bir al-Abd, et la destruction de véhicules et de sites liés à l’attaque. Deux drones ont détruit deux voitures dans lesquelles se trouvaient 15 militants ayant participé à l’acte terroriste.

Circonstances de l’attaque
Le massacre de la Mosquée al-Rawda est considéré comme un changement brutal dans les crimes du groupe dit Ansar Bayt al-Maqdis, affilié à Al-Qaïda, avant de prêter allégeance à Daech en 2014 et de porter le nom de Wilayat Sinaï. Les opérations terroristes de la province du Sinaï se sont concentrées sur les forces de l’armée et de la police ainsi que sur les églises en Égypte avant de cibler les mosquées.

Bien que les terroristes ayant attaqué la mosquée n’aient pas caché leur affiliation, puisqu’ils avaient hissé les drapeaux de l’organisation sur leurs voitures, Daech n’a pas revendiqué la responsabilité du massacre et a même nié son implication dans l’horrible attaque, mais les sites pro-Al-Qaïda sur l’application (Telegram) ont publié un enregistrement audio de conversation radio dans lequel un membre de Daech se vantait de l’attaque et fournissait ses coordonnées à l’autre partie dans le conversation.

Les observateurs ont précisé que l’organisation terroriste n’a pas revendiqué la responsabilité du crime, comme d’habitude, ce qui signifie que cette attaque pourrait avoir été perpétrée sans l’approbation centrale et qu’il s’agissait plutôt d’une initiative locale de la branche du Sinaï, à la lumière de la division dont la Province du Sinaï a été témoin. Il s’est avéré par la suite que l’organisateur effectif du massacre était l’aile d’Abou Oussama al-Masry et Abou Saleh Zarraa, sous les auspices d’Abu Hajar al-Hashimi, le chef de facto de la province du Sinaï, chargé par Abu Bakr al-Baghdadi de gérer Daech en Égypte. L’aile d’Abou Oussama Al-Masry a tenté de se disculper et de faire porter la responsabilité de cet horrible incident à l’organisation copte « Fils de Jésus », en forgeant une déclaration dans laquelle elle revendiquait sa responsabilité dans le massacre en réponse aux bombardements d’églises et au ciblage de coptes, le tout dans une tentative de se disculper et de faire plonger le pays dans une guerre sectaire.

Les observateurs estiment que les capacités de l’organisation terroriste à cibler l’armée et les forces de police ont diminué, après que les forces de sécurité ont déjoué plus de 90 % de ses opérations terroristes grâce aux frappes préventives, ce qui l’a incité à cibler les civils, pour signaler sa présence et montrer sa force, et c’est ainsi qu’a eu lieu l’attaque contre la Mosquée al-Rawda.

Ciblage des mosquées
La Mosquée al-Rawda ciblée par Daech, appartenait au groupe soufi appelé Jaririya, l’un des plus grands ordres soufis du Sinaï, qui a édifié plus de 200 mosquées et maisons pour mémoriser le Saint Coran. Cet ordre a eu droit au plus grand nombre d’opérations terroristes et de menaces de Daech, en raison de l’appartenance de la plupart de ses symboles à la tribu Sawarka, qui soutient l’armée et la police contre Daech. C’est pourquoi la majorité des victimes du massacre étaient des membres de la tribu Sawarka, l’une des plus grandes et des plus anciennes tribus du Sinaï. Les Al-Jarir, ou les Jarirat comme on les appelle au Sinaï et qui vivent dans le village d’al-Rawda sont issus de cette tribu et remontent en affiliation à Cheikh Eid Abu Jarir, le père spirituel du principal ordre soufi du Sinaï connu sous le nom de l’ordre Jaririya Ahmadiyya depuis les années 1960.

Daech a menacé les adeptes de cet ordre et d’autres groupes soufis en ciblant leurs institutions et leurs symboles dans diverses zones du nord du Sinaï. En 2013, des terroristes affiliés à l’organisation ont fait exploser le sanctuaire de Cheikh Salim dans le village de Mazar, près du village d’al-Rawda et un autre sanctuaire, dans le quartier de Maghara à la ville de Hasana, dans le centre du Sinaï, la même année.

En 2016, l’organisation terroriste a kidnappé deux cheikhs des ordres soufis dans le nord du Sinaï, Cheikh Suleiman Abu Haraz et Cheikh Qatifan Al-Mansouri, les a décapités et revendiqué la responsabilité des meurtres.

Avant le massacre de la Mosquée al-Rawda, des membres de Daech se sont rendus à la mosquée et mis en garde les fidèles contre les pratiques soufies. Craignant une attaque contre le sanctuaire soufi situé en face de la mosquée al-Rawda, les fidèles ont fermé la route qui y menait, mais ils ne pensaient pas que les terroristes allaient cibler tous les fidèles de la mosquée du village.
15/01/2024 14:51