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Mémoire du terrorisme: Attaque de Christchurch, Le terrorisme d’extrême droite frappe la Nouvelle-Zélande
Procès terroriste
Le terroriste placé en garde à vue devait comparaître, le 5 avril, devant la Cour suprême. Le 27 août 2020, le juge Cameron Mander a prononcé contre Tarrant la peine d’emprisonnement à perpétuité, sans possibilité de libération conditionnelle, après avoir été reconnu coupable du meurtre de 51 personnes. Une autre peine l’a condamné à la réclusion à perpétuité pour son implication dans un acte terroriste et à 12 ans de prison pour avoir tenté de tuer 40 civils. C’est la première fois qu’une peine d’emprisonnement à perpétuité sans libération conditionnelle, peine maximale disponible en Nouvelle- Zélande, est imposée.

Après cette sentence, Dylan Asafo, professeur à la faculté de droit d’Oakland a écrit: «Nous pouvons célébrer le système de justice pénale pour avoir infligé au terroriste la peine la plus sévère disponible, ce qui n’a jamais été fait auparavant. C’est peut-être aussi le bon moment pour nous de réfléchir à la réponse de notre gouvernement aux attentats et en particulier les mesures prises pour empêcher la répétition d’attaques islamophobes similaires. Qu’a-t-on fait pour lutter contre la suprématie blanche et la haine islamophobe ayant conduit aux attentats et pour empêcher la propagation de ces idées ? Nous devons nous demander: quelles lois et politiques, le gouvernement a-t-il adoptées pour protéger les communautés musulmanes et les personnes de couleur contre les futurs actes de terrorisme d’extrême droite? Le gouvernement était capable de répondre à la violence armée, mais qu’a-t-il vraiment fait? Malheureusement, c’est là où notre gouvernement échoue, non pas parce qu’il n’en est pas capable, mais parce qu’il ne le veut pas».

Médias et terrorisme
Tarrant a écrit ses convictions dans un document qu’il a publié dans un manifeste de 73 pages qu’il a publié sur Internet intitulé «Le grand remplacement», dans lequel il a déclaré qu’il avait planifié l’attaque deux ans auparavant et qu’il avait choisi Christchurch uniquement trois mois avant. Il a attribué son attaque contre les musulmans au fait que «l’attaque contre eux bénéficie du plus grand soutien et qu’ils font partie des groupes les plus forts avec une fécondité élevée». Il a fait l’éloge du pape Urbain II qui a préparé la première croisade contre les musulmans et déclaré son soutien au président américain Donald Trump en tant que «Symbole d’une identité blanche renouvelée». Lorsqu’on lui a demandé s’il pensait que les nationalistes blancs étaient une menace dans le monde, Trump a répondu: «Je ne le pense pas vraiment. Je pense que c’est un petit groupe de personnes qui souffrent de problèmes très graves, ce qui est certes une chose méprisable».

Le clip diffusé en direct par le terroriste est devenu viral sur nombre de plateformes de diffusion vidéo, tels Live Lake et YouTube. La police, les groupes de soutien aux musulmans et les agences gouvernementales ont exhorté quiconque à retirer le clip et à le signaler. La NZ a classé la vidéo «tabou», incriminant ceux qui la copient, affichent ou distribuent. Cependant, de nombreuses organisations médiatiques en Australie et des sites de journaux populaires au Royaume- Uni diffusent des parties de l’émission en direct, dont le groupe (Sky News) en Australie.

Ainsi, l’attaque terroriste a démontré à quel point les extrémistes de droite sont capables de profiter d’Internet et de mobiliser le soutien de la communauté virtuelle. L’attaque a montré clairement que les gouvernements, les agences de sécurité et les entreprises technologiques ne sont pas disposés à faire face à l’extrême droite qui utilise le Dark Web pour la mobilisation.

Appel de Christchurch
Deux mois après l’incident terroriste, le Premier ministre néo-zélandais Jacinda Ardern et le président français Emmanuel Macron ont rencontré à Paris dix chefs d’État et des représentants des sociétés Internet le 15 mai 2019 et annoncé l’initiative «Appel de Christchurch» pour supprimer les contenus extrémistes et terroristes d’Internet. Plus de 50 pays, trois organisations internationales et huit fournisseurs de services Internet ont soutenu l’initiative. L’administration du président Trump a refusé de signer l’Appel mais l’administration du président Biden a rejoint l’initiative en mai 2021.

Cette initiative comprend une série d’engagements pris par les États, les établissements et la société civile, pour combattre les contenus extrémistes violents et terroristes sur Internet et faire respecter les valeurs fondamentales sur lesquelles repose Internet, à savoir la transparence, l’ouverture et la protection des droits.

Cette coopération a obtenu de bons premiers résultats. Lors de la 74e session de l’Assemblée Générale des Nations Unies en septembre 2019 à New York, et après plusieurs cycles de négociations avec les sociétés Internet à Paris, San Francisco et Seattle, le Président français et le Premier Ministre Néo-Zélandais ont annoncé plusieurs mesures importantes, dont notamment:

  • Réformer la structure et la gouvernance du «Forum Mondial de Internet pour la lutte contre le terrorisme».
  • Créer des groupes de travail dans ce forum, mener des recherches sur l’utilisation d’Internet par les terroristes et les groupes extrémistes violents et développer un cadre commun pour l’échange de données qui respectent la vie privée et les droits fondamentaux des utilisateurs.
  • Établir un (protocole) de gestion de crise pour les Etats et les sociétés afin de réagir efficacement en cas d’attaque terroriste, ou de diffusion de contenus terroristes sur Internet.
​Il est vraiment troublant que ce type d’extrémisme et de terrorisme soit en hausse. Toutes les statistiques et rapports officiels à l’échelle européenne et américaine indiquent une croissance progressive du nombre d’attentats terroristes d’extrême droite ces dernières années, de l’ordre de 400% aux États-Unis en 20162017-. L’Indice Mondial du Terrorisme 2019 a confirmé que les attentats attribués à des individus ou des groupes nationalistes d’extrême droite ont triplé, soit le même taux que le nombre d’extrémistes de droite emprisonnés dans les pays européens en 2018.
30/04/2023 13:17